Le début de l'aventure, ici.

Je marche devant, le sac jeté sur l'épaule. Lana me suit joyeusement et me remonte le moral, même si elle évite de parler à cause de sa voix : ne pas être seul, parfois peut avoir du bon. " Le temps est toujours magnifique. Les saisons sont-elles toujours aussi douce en France ? " Alors que nous arrivons, je déploie ma serviette sur l'herbe pour que nous puissions nous asseoir tranquillement dans l'herbe sans voir nos jeans se teindre de vert. Elle paraît surprise. " Oui j'ai vécu toute ma vie en Russie, bien que je sois né en France. Je ne suis pas très habitué à ces températures là. " J'ouvre mon sac à pique-nique : prenant les sandwichs en forme de triangle que j'ai pris dans le distributeur. " Jambon ou crudités ? " Je m'en fiche parfaitement et lui tend celui de son choix. Elle me relance sur mon pays d'origine. J'aime sa curiosité innocente. Je souris de nouveau et croque dans mon sandwich avant de répondre. " Ma mère est russe. " Je lui désigne mes cheveux. " J'ai toujours été dans des écoles françaises, je parle juste le Russe pour me faire comprendre en dehors de l'école. Mais chez moi on parle plus souvent français, en tout cas : devant mon père. " Je continue de manger. " Donc je ne connais pas bien la France, non. Mais je vais pouvoir la découvrir de mes propres yeux maintenant que je suis à Nobilia. Tu aimes ce pays toi qui le connaît mieux que moi ? " Avec ma mère, on parlait Russe en secret et c'est elle qui m'a tout appris. Comme ça, j'ai pu me défendre de ce qui essayait de m'insulter dans leur langue pour ne pas que je les comprenne. Je suis le mélange de deux cultures, je suis bilingue mais je pense quand même en français. Le russe me demande plus d'effort : encore plus maintenant que je ne l'entends plus quotidiennement. J'ai lu quelques livres en Russe, mais je mettais trois fois plus de temps.

Malgré sa voix éraillée, elle prend la peine de me faire part de ses impressions. Ce moment est calme, les autres mangent en ville ou à la cafétéria et nous sommes bien tranquille ici. Je la regarde soudainement plus intensément. " Au moins ici, il n'y a pas mon fan club pour nous espionner. " Cette phrase à le mérite de me faire rire. Puis de la faire rire. Nous rions et c'est génial. Je n'aime pas les sandwichs, je ne sais même pas pourquoi je les ai acheté. Mais avec elle, ce genre de détail n'a pas d'importance. Je vis et c'est tout ce qui compte. J'ouvre un paquet de chips, je lui tends. " C'est pour reprendre des forces. " Elle en prend, j'en prends aussi. J'ai envie lui parler, c'est drôle quand même. Mais je vais me retenir un peu : je préfère  me concentrer sur notre programme. " J'espère que tu es motivée pour apprendre à te défendre. J'aurais besoin de toute ton attention et de toute ta volonté. " Je reprends des chips. " Et il ne faudra surtout pas que tu sois déstabilisée, par quoi que ce soit. Ni par la proximité, ni par ton adversaire. " Je me tourne vers elle, espérant qu'elle soit attentive. " Pour ça, il faudra que tu te concentres : que tu fasses abstractions. Ainsi, il ne pourra plus t'atteindre et tu seras la plus forte. " Je lui souris alors, brisant le sérieux que je viens de lui témoigner et me replonge dans l'ambiance joyeuse, de ce pique-nique improvisé.

Vadim semble rassuré, et tant mieux. L'avoir vu comme cela me tracasse, j'espère qu'il ne s'agit pas d'un problème trop grave. Il se remet un peu à sourire, et c'est bien mieux comme ça.
Il me pose quelques questions.  " Le temps est toujours magnifique. Les saisons sont-elles toujours aussi douce en France ? "
Il est vrai que pour un milieu de mois de septembre, il fait particulièrement beau et chaud. Le ciel est d'un bleu immaculé, et une brise tiède souffle, adoucissant cette chaleur si lourde.
"Non, je ne crois pas. Ici, dans le Sud, la météo est bien plus ensoleillée et chaude que chez moi, en Bretagne."
Vadim déploie une serviette sur le sol, pour nous y asseoir. " Oui j'ai vécu toute ma vie en Russie, bien que je sois né en France. Je ne suis pas très habitué à ces températures là. "


Il me propose un sandwich, je choisis celui au jambon, bien que je n'ai aucune préférence parmi les deux. Et puis ce n'est qu'un sandwich. Vadim retrouve peu à peu sa "bonne humeur".
Je lui poses quelques questions sur la Russie. Je suis plutôt curieuse de nature.
" J'ai toujours été dans des écoles françaises, je parle juste le Russe pour me faire comprendre en dehors de l'école. Mais chez moi on parle plus souvent français, en tout cas : devant mon père. "



Pendant qu'il parle, je goûte le sandwich. Il est tout bonnement infect: le pain est spongieux et humide, le jambon n'a aucun goût, il est caoutchouteux et le beurre dégouline de partout. Mais cela ne me dérange pas vraiment, étant donné que j'ai l'habitude de ne pas manger des bonnes choses: le plat traditionnel chez moi est la purée jambon... Et puis bon, j'en m'en fiches, ce n'est qu'un sandwich! Tant que je suis avec  Vadim, et qu'il va mieux, tout est parfait.
" Donc je ne connais pas bien la France, non. Mais je vais pouvoir la découvrir de mes propres yeux maintenant que je suis à Nobilia. Tu aimes ce pays toi qui le connaît mieux que moi ? "
J'avales ma bouchée de sandwich avant de lui répondre.


"Je ne connais pas toute la France, mais en revanche je connais très bien la Bretagne, d'où je viens. Je trouve ça très beau, parce qu'il y a un patrimoine gigantesque et magnifique: les broderies, costumes traditionnels, instruments de musique, contes et légendes, chapelles, calvaires... Il y a tant de choses là-bas, à découvrir et à comprendre! Ce sont les légendes bretonnes qui ont bercé mon enfance, ma préférée était la la Groac'h de l'île du Loch. Je suis intarissable sur le sujet, je crois. Je pourrais parler pendant des heures..."


Je finis par me taire, tout ça me semble très bizarre avec ma voix !

Vadim me regarde plus intensément. J'essaie de lire son regard, mais je ne le comprend pas cette fois-ci.

" Au moins ici, il n'y a pas mon fan club pour nous espionner. "

Il me fait rire. Et ça sonne étrangement, avec ma voix éraillée. Vadim me propose des chips. J'aime les chips. Cela fait longtemps que je n'en ai pas mangé. " C'est pour reprendre des forces. "
Je me sers. J'aime ce petit craquement dans ma bouche, ce goût de sel, ce croustillant et sentir toute cette graisse fondre dans ma bouche. J'aime les chips. La vie est merveilleuse.

Vadim redevient tout d'un coup sérieux. " J'espère que tu es motivée pour apprendre à te défendre. J'aurais besoin de toute ton attention et de toute ta volonté. " Il reprend quand même des chips. Haha, petit gourmand. " Et il ne faudra surtout pas que tu sois déstabilisée, par quoi que ce soit. Ni par la proximité, ni par ton adversaire. " je l'écoutes sagement. " Pour ça, il faudra que tu te concentres : que tu fasses abstractions. Ainsi, il ne pourra plus t'atteindre et tu seras la plus forte. " Il sourit de nouveau, et je lui réponds d'un petit "Oui chef!" étrange. Stupide voix!

Je m'allonges et reprends des chips. Nous finissons le paquet. Raaah dommage, c'est tellement bon les chips!

Il n'y a pas de nuages, pas même un tout petit peu. Ce n'est pas drôle, je ne peux pas inventer des choses avec...

"Vous avez fait un très bon choix, monsieur. Johnny aime beaucoup les chips."

Je me prélasse au soleil, sans crème. Je prie pour ne pas attraper de coup de soleil... Vu la couleur de ma peau, c'est presque couru d'avance.

Je finis par me relever, un peu somnolente. "Je suis prête à verser ma sueur, chef. Quand vous voulez."

je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression étrange qu'il me manque une pièce du puzzle. Quelque chose me chiffonne dans cette histoire avec Alex, mais je ne saurais dire quoi. Un détail, sans doute important, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je tente de chasser ces pensées de mon esprit, puis souris à Vadim.
C'est parti pour l'entrainement.

" Je suis prête à verser ma sueur, chef. Quand vous voulez. " Je la regarde, motivée, en finissant de mâcher ma chips. " C'est bizarre de m'appeler chef... Mais tu fais comme tu veux ! " Je me lève à mon tour. Je réfléchis. Je ne veux pas l'épuiser tout de suite : surtout avec ce soleil qui cogne à cette heure-là. Je vais commencer par quelques conseils. Je m'éclaircis la voix. " Hum... tu as déjà pratiqué un sport de combat ? " Ok, bon ça va pas nous aider mais passons. Je n'y avais pas mis beaucoup d'espoir de toute façon. " On va commencer doucement. " Je lui demande de se placer en face de moi et je m'approche, pour essayer de la prendre par le poignet. " A ton avis, que peux-tu faire pour m'empêcher de te tenir par la main ? " Elle semble réfléchir. Me dit quelque chose. Je me recule et m'apprête à faire la même chose : simplement m'avancer vers elle et la prendre par le poignet. C'est souvent comme ça que l'on peut impressionner sa victime, avant de pouvoir la pousser et de la maîtriser complètement. " Si tu as une idée, essaie. " Elle essaye bien d'esquiver ma prise, en dégageant son bras. Je la regarde, non ce n'est pas ce que je veux lui faire comprendre.

" Voici la première technique de self-defense que j'aimerais que tu maîtrises. Essaye de me prendre par le poignet. " Sa tentative est infructueuse. " Non, plus fort : tu essayes de me retenir. " Elle se met un peu en colère et m'attrape vraiment. A peine sa main est posé, je me sers de ma main libre pour la faire glisser et me libérer de son étreinte. " Tu vois ? Il faut être rapide. C'est encore plus facile si tu réussis à surprendre ton adversaire. " Je recommence, elle essaye de m'imiter. " Repousse ma main, elle est sale. Elle est horrible, elle te veut du mal. " Plus fermement, elle réussit à me faire lâcher prise. " Encore une fois, c'est ça. " Deux, trois fois. Elle a compris. J'arrête. Son poignet est un peu rouge mais je pense qu'elle a saisit ma première technique. " De toutes les manières possibles, s'il veut te saisir, il faut que tu échappes, comme une anguille. Que tu ne te laisses pas impressionner. "

Je me lance dans une autre explication. Si jamais, son agresseur arrive de derrière. Je tente une première expérience sans la prévenir. " Tourne moi le dos et essaye de t'échapper. " J'arrive et lui plaque une main sur la bouche de l'autre maîtrise ses mains. Elle est si facile à avoir. Elle a vraiment besoin de mes conseils. " Tu n'étais pas sur tes gardes ? Reste méfiante. Je recommence. " Je m'approche et elle bouge ses bras dès que je lui mets une main sur la bouche pour se libérer de mon emprise. " Oui, il y a du mieux. Mais je pense avoir une technique encore plus efficace. " Je viens me placer en face d'elle et en la prenant par les épaules, je lui dis très gravement. " Si on essaye de t'empêcher de parler ou de respirer : tu mords. C'est le moyen le plus efficace et le plus surprenant. Pour qu'il te lâche les mains, écrase lui les pieds. Très efficace si tu portes des talons. Ou encore, tu peux donner un bon coup de coude dans le ventre. "  Je lui souris. Oui j'ai beaucoup de technique pour me défendre en toute circonstance

Je me replace derrière elle. J'ai un peu peur soudainement. " Je ne suis pas un vrai violeur hein... vas-y doucement. " Je m'avance et la saisit délicatement en posant ma main sur sa bouche puis lui attrape les mains. Elle réagit vite me pince la main de ses lèvres, je la retire pour faire mine qu'elle m'a fait mal puis elle m'écrase le pied et lance son coude en arrière pour que je lâche ses mains. " Très bien ! " Je suis fière de mon élève. " Encore une fois, enchaîne ça plus vite, jusqu'à ce que ça devienne un réflexe ! " Encore une ou deux fois, avant que la vitesse me satisfasse. On enchaînera tout tout à l'heure pour voir ce qu'elle a retenu. Je décide de passer au chose plus physique. " On va voir ce que tu vaux en sprint : si tu as besoin de t'enfuir. Cette fois, aucun conseil. Je te cours après et tu dois tout faire pour me semer. Attention, 3 ... 2 ... 1 ... Partez ! " Je la laisse galamant prendre un minimum d'avance avant de partir. Elle se dirige vers les bois : bonne tactique. Mais je cours vite, voyons si elle saura être plus maline que moi...

" Hum... tu as déjà pratiqué un sport de combat ? " A vrai dire, pas vraiment.
"Je penses qu'une initiation au judo en CE2 ça ne compte pas vraiment." " On va commencer doucement. "
Je me places devant Vadim. Il s'approche. " A ton avis, que peux-tu faire pour m'empêcher de te tenir par la main ? Si tu as une idée, essaie. "
Il approches sa main, j'essaie d'esquiver, mais évidemment, c'est inutile. Je crois que de toute manière, ce n'est pas cela qu'il fallait que je tente. " Voici la première technique de self-defense que j'aimerais que tu maîtrises. Essaye de me prendre par le poignet. " J'approches mon bras, j'effleure son poignet mais il esquive. Zut de zut de zut! " Non, plus fort : tu essayes de me retenir. " Bon, je vais quand même y arriver, non? C'est pas possible franchement! Haha! Ça y est je le tiens! Magnifique! Mais... Quoi?! Non, c'est impossible! Il... Il retire ma main avec sa main libre?! Non non non non non! Gnarf!  J'y étais presque!   " Tu vois ? Il faut être rapide. C'est encore plus facile si tu réussis à surprendre ton adversaire. " Je réessaie. "Repousse ma main, elle est sale. Elle est horrible, elle te veut du mal. " D'accord d'accord. Magnifique, j'ai enfin à peu près réussi. "Encore une fois, c'est ça. " Je recommence plusieurs fois. Je crois que j'ai compris maintenant. " De toutes les manières possibles, s'il veut te saisir, il faut que tu échappes, comme une anguille. Que tu ne te laisses pas impressionner. " C'est noté. Je suis une anguille.


Vadim aborde maintenant une autre technique. " Tourne moi le dos et essaye de t'échapper. " J’exécute. Et pof! Tout d'un coup, une main sur ma bouche, et mes mains immobilisées. Cette main me rappelle quelque chose. Instinctivement je pense à mon cou.  " Tu n'étais pas sur tes gardes ? Reste méfiante. Je recommence. " Cette fois, je ne serais pas si facile à avoir, je le jure. Dès que je sens la main de Vadim se poser sur ma bouche, je bouges mes bras pour tenter de me dégager de son emprise.  " Oui, il y a du mieux. Mais je pense avoir une technique encore plus efficace. " Effectivement, parce que là, niveau efficacité, je ne suis pas vraiment au point...

Vadim s'approche de moi et me prend doucement par les épaules, l'air grave.  " Si on essaye de t'empêcher de parler ou de respirer : tu mords. C'est le moyen le plus efficace et le plus surprenant. Pour qu'il te lâche les mains, écrase lui les pieds. Très efficace si tu portes des talons. Ou encore, tu peux donner un bon coup de coude dans le ventre. " Son visage s'éclaire d'un grand sourire. Je préfère nettement le voir dans cet état. Ce qui s'est passé tout à l'heure me tracasse toujours un peu, mais j'essaie de ne pas le lui montrer.

Vadim se replace derrière moi. " Je ne suis pas un vrai violeur hein... vas-y doucement. " Sa main se pose sur ma bouche, mes mains sont saisies. Immédiatement je pince sa main de mes lèvres, je lui écrases le pied en essayant de ne pas trop forcer, et donne un coup de coude pour libérer mes mains.

" Très bien ! Encore une fois, enchaîne ça plus vite, jusqu'à ce que ça devienne un réflexe ! " Vadim à l'air satisfait. Il est vrai qu'il est bon professeur. Je suis contente. Je recommences encore quelques petite fois, jusqu'à ce qu'il soit entièrement satisfait.

" On va voir ce que tu vaux en sprint : si tu as besoin de t'enfuir. Cette fois, aucun conseil. Je te cours après et tu dois tout faire pour me semer. Attention, 3 ... 2 ... 1 ... Partez ! " Je démarres directement en mode turbo, il me laisse prendre un peu d'avance. J'en profites donc pour attacher rapidement mes cheveux, pour ne pas qu'il se balladent devant mes yeux et me ralentissent. Je décide de me diriger vers le bois, il serra peut-être plus facile de le semer.

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