Mission nocturne : récupérer nos biens

C'était le coup du siècle ! Qu'est-ce qu'on a pu rigoler ! Je ne regrette absolument rien de cette soirée. Je pense qu'en plus du pensionnat, on a du réveiller toute la ville avec nos feux d'artifices. Quelle spectacle ! Par contre comme c'est moi qui les ai allumé, je crois être devenu un peu sourd. Mais ça ne m'inquiète pas plus que ça. Je suis assis sur mon lit, je viens de me réveiller, le clair de lune passe au travers des rideaux. Même si ma chambre est maintenant pleine et que j'ai du mal à dormir avec trois mecs qui ronflent à mes côtés, j'ai au moins le meilleur lit, proche de la fenêtre. Je peux m'enfuir comme je veux. Je pense qu'ils dorment vraiment à poings fermés, il est bientôt deux heures et demi du matin. Il s'est passé tant de choses ses derniers temps. J'ai enfin pu rencontrer celui qui terrorisait ma nouvelle amie. Même si je n'ai pas vraiment pu lui refaire le portrait grandeur nature comme je le voulais, nous avons gagné face à lui. Il est maintenant bien loin et ne pourra plus faire de mal à personne. Du moins je l'espère. Tant de bagarres, d'efforts, d'émotions, sans oublier cette dernière course pour échapper aux gardes furieux de nous avoir débusquer au fond du parc avec notre attirails. Ce n'était pourtant qu'hier. C'est tellement présent dans mon esprit que ça ne me quitte plus. La lune est superbe ce soir. J'ai envie de sortir. De m'échapper. Je déteste rester prisonnier avec trois codétenus ainsi. Rien ne pourra me retenir, la lune m'appelle.

Ce mois d'octobre en France me change agréablement de mon pays. Tout est si doux par ici, même la pluie. Je ne l'aime pas beaucoup, mais au moins, je ne la sens presque pas quand je suis obligé de sortir. Je suis l'un des seuls à ne pas encore avoir sortir de manteau ou de veste. Pourquoi faire ? Il est fait encore si doux ! En Russie la pluie est glaciale, c'est d'ailleurs bien plus souvent de la grêle. Là d'accord, on est obligé d'avoir une bonne capuche pour ne pas se faire assommer par les grêlons. Le vent non plus ne me dérange pas. C'est paisible, ça fait bouger les plantes, donne un peu de vie au paysage. Mais j'y pense... On s'est enfuit en laissant tout derrière nous ! Il en restait encore pleine dans la grosse boîte en métal. Si jamais il pleut... ils vont être foutus ! Peut-être est-il encore tant de les récupérer ? Les gardes sont peut-être déjà passé par là ? Tant pis, il faut que j'aille voir. Je ne peux plus dormir de toute façon. Malgré tout ce qui s'est passé, dès que je ferme les yeux, je ne vois qu'une personne. Pas Alex que j'ai tabassé. Pas Lana que j'ai embrassé pour essayer d'apaisé mon âme. Je ne vois que Cierra. Elle avait l'air si triste. La voir une minute a suffit à effacer toutes ses heures passées auprès de Lana a tenté de l'oublier pour dormir de nouveau. Je pousse un gros soupir. " Les filles me font chier jusque dans mon sommeil. C'est dingue. " J'ai parlé tout fort pour voir s'il y avait des réactions. Mais non aucune. Ils ronflent tous ses enfoi***. Je souris, je pense que je vais pouvoir m'éclipser.

Je saute dans mon pantalon, encore tâcher de terre sur les genoux et de poudres à cause des explosifs. Je mets quand même un gilet par dessus ma chemise parce que le temps peut changer du tout au tout et je ne voudrais surtout pas tomber malade. Mettant mes vieilles baskets, j'ouvre bientôt la fenêtre et trouve une cale qui l'empêchera de se refermer. Si tout se passe bien, je rentrerais par là. Je ne vais pas prendre le risque de passer par les grandes portes. Il doit être bientôt trois heure du matin, tout le monde semble bien dormir. C'est parfait. Je me retrouve encore une fois à escalader la façade, je vais éviter d'utiliser l'arbre comme appuie, avec la pluie, il doit certainement être encore glissant. Cette petite séance d'escalade me rappelle encore une fois Cierra. La nuit, son visage, notre étreinte dans son lit. Je secoue la tête. Vadim, stop ! Tu va l'oublier un point c'est tout ! Un pauvre sourire s'empare de mes lèvres. Je suis drôle moi. Comme si ça pouvait être aussi simple.

Me voilà dans le parc, j'avance en sachant parfaitement où je vais. Nous étions bien planquer et j'espère que Lana a eu le temps de mettre la boîte sous un arbre ou au moins de la cacher, histoire qu'on ne nous la confisque pas. Ce serait vraiment dommage de ne pas remettre ça ! Il fait nuit noir, je m'éclaire de mon portable pour ne pas déraper sur quoi que ce soit. Bon alors, nous étions allés par où après ... Par là je pense ! C'est plus difficile de se repérer dans ce parc de nuit, je l'avoue. Mais j'ai tout mon temps, je finirais bien par tomber dessus. J'espère que Lana appréciera le geste si je lui ramène ses feux d'artifices ! Je m'arrête... Mais elle voulait peut-être s'en débarrasser ? Non, je réfléchis trop, ça ne pourra que lui faire plaisir. J'arrive au plus profond du parc, dans l'endroit le plus reculé, il me semble que nous nous étions caché derrière ses arbustes là. Bingo ! Je me penche et fouille. Je ne suis pas très discret parce que je pensais être seul. Or, ce n'est pas le cas. Une lumière me poursuit. Une lampe torche ? Un garde ! Avant que le faisceau ne m'atteigne, je me planque dans le plus proche buisson. Put*** de me*** ! Les gardes veillent donc toute la nuit ? Ils dorment quand ?! Ils peuvent pas nous laisser un peu ! Quoi qu'il essaie je tenterais de fuir ! Je peux être une vrai anguille, quitte à me battre ! Qu'il approche... Je me sens prêt...

L'art de se faire passer un savon

Je n'ai pas été assez rapide. Le faisceau m'a retrouvé. Et bien retrouvé même. Puisque je l'ai braqué sur la figure. " Oh Seigneur, je crois que nous allons avoir des problèmes. " Cette entrée en matière ne me fait pas rire du tout. Une main devant les yeux, je ne peux absolument pas distinguer quel est l'enf*iré qui vient de me délonger de mon trou. C'est bien un garde. Après... allez savoir lequel... Il m'a saisit par le col et m'a presque étrangler en me faisant me lever. Enfin, la lumière cesse de me braquer. Mais quand j'ouvre les yeux je vois des étoiles. C'est malin. " Si c'est la caisse que tu as laissé là la veille que tu cherches, saches que je m'en suis déjà chargé personnellement. " Et me*de ! Je n'ai plus aucune raison de la chercher alors. Ce garde doit faire la même taille que moi et me tient toujours fermement par le col. Je retrouve peu à peu la vue, en clignant beaucoup des yeux. " Miloslav. Quelle surprise. On peut dire que tu fais bien parler de toi depuis ton arrivée. A peine deux mois que les cours ont commencé et tu figures déjà sur le tableau du secrétariat. " Au moins, il ne m'a pas appelé par mon surnom que je déteste tant. Je ne peux m'empêcher de répondre. " Je ne demandais pas à être déjà si célèbre. " Il doit être fier de lui alors ? Je suis un gros poisson qu'il fallait pêcher cette nuit ? S'il affiche les élèves sur les tableaux c'est pour mieux les pister c'est ça ? Toute cette histoire me file la gerbe. Bon sang, pourquoi est-ce qu'il ne me lâche toujours pas ! J'ai rien dit. Le voilà qui me lance un air mauvais avant de me laisser respirer un peu.

" Tu vas avoir de très gros problèmes à faire des conneries pareilles. Pas de chance pour toi en plus, tu ne tombes pas forcément sur le plus recommandé des gardes. " Je sais bien que j'ai pas de chance, c'est pas nouveau. Mais qu'est-ce qu'il entend par là ? Sa tronche ne me rappelle rien, j'suis pas très physionomiste. Mais il a l'air d'avoir quand même du chou pour un garde. Ce serait peut-être bien... leur chef ? Bord*l ! Dans quoi je me suis encore fourré moi... " On m'a dit que tu étais accompagné la nuit dernière. Vous étiez deux. Qui était la deuxième personne ? " Je serre le poing, parfaitement outré. " Parce que vous pensez que je serais assez débile pour vous le dire ? " J'aime pas ses drôles de lunettes qu'il porte sur le front et ses yeux de chat. Il ne m'inspire pas confiance ce type. " A quoi est-ce que ça t'avances tout ça ? Parce que tu n'aimes pas être sous l'autorité de quelqu'un ? Mais tu ne te rends pas compte que tu aggraves les choses ? Tu ne te rends pas compte que si tu te comportais normalement on ne serait pas tous vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans ton dos ? Et si tu te résignais enfin à être un peu raisonnable ?! "

Sa voix m'a glacé le sang. Pour qui il se prend celui-là ! J'ai vraiment envie de lui faire bouf*er sa lampe torche ! " Alors c'est comme ça que vous vous comportez ? Vous essayez d'être le porteur de la bonne parole ? Désolé non. C'est pas mon truc. Rien ne m'empêchera de faire ce que j'ai envie au moment où je l'ai décidé. Réglement ou pas. Gardes ou pas. Vous êtes tous bornés à vos fou*us réglements ! Et vous êtes les premiers à les transgresser quand ça vous arrange. Alors, n'allez pas me faire la morale ok ? Je repasserais. " Je détourne déjà les talons, mettant mes mains dans les poches, près à repartir. Mon coeur s'emballe, j'aurais envie de fuir parce que j'ai envie de crier. Pourquoi est-ce que ce qu'il vient de me dire me met dans cet état-là ? Parce que c'est la vérité ? Non, c'est juste un abru** de plus. Le chef de ces abru**s de surcroit. Je ne vais pas perdre mon temps avec lui, surtout s'il n'est pas décidé à me punir. " Tant pis. Vous avez trouvé la caisse avant moi. On ne pourra plus refaire de beaux feux d'artifices. C'est bien dommage. J'espère que vous allez les refilés à une association ou quelque chose, pour pas que ce trésor soit gaspillé. " Je fais encore quelques pas. Je ne supporte vraiment pas son regard perçant et sa tronche de cake. " Comme vous semblez pas décidé à vouloir me punir, j'vais retourner me coucher ! Désolé du dérangement ! " C'est fou comme je peux être cynique à trois heures du matin. Bon, je marche lentement. Je sais bien que ça ne peut pas se finir comme ça. Ce serait bien trop facile. Et pourtant, qu'est-ce que ça serait bien.