Une heure de cours.
Encore. Elle s'enchaîne les unes aux autres et se ressemblent toutes. C'est fou comme le temps peut s'écouler lentement quand je cherche à le faire passer plus vite.
Me perdre dans mes pensées n'est pas une très bonne idée. Entre Bénédicte qui est dans ma classe et qui me lance des regards noires, Thibault le prof qui me balance sa craie dès que je regarde ailleurs et Cierra qui vient se glisser sous mes paupières quand j'essaie de me détendre un peu... On ne me laisse aucun répits. Je pousse un soupir et me retourne dans ma contemplation du ciel. L'atmosphère est lourde. La pluie approche.
J'aime bien ce temps. Il y a de l'électricité dans l'air et les autres semblent tout autant déprimé que moi : pour une fois. Et puis bien sûr... Impact ! "
Monsieur Miloslav ! Qu'est-ce que je viens de dire ! " Je pense que lui, le temps l'affecte particulièrement. "
J'en sais foutrement rien, Monsieur. " Je ne cherche ni à être un clown, ni à être cool. Je réponds ce que je pense. Le soupir admiratif que pousse la plupart des filles me fait me sentir mal. Je sais pas ce que je leur ai fait, mais elles adorent me rappeler l'insignifiance de leurs existences. "
Deux heures de colles ! " J'ai évité le deuxième morceau de craie habillement. "
Oh, je ne suis plus à ça près. " Les punitions, je les enchaîne. Tous mes mercredis et samedis après-midi sont déjà plein jusqu'aux vacances de noël !
Alors un peu plus ou un peu moins... "
Et arrêtez de répondre à votre professeur ! " Je retourne à mon observation du ciel, indifférent.
La cloche sonne enfin et tout le monde s'agite. Je mets du temps à reprendre conscience de ce qui m'entoure.
J'étais repartie en Russie, sur le lac gelé qui n'était qu'à quelques minutes de chez moi. Irina voulait essayer ses nouveaux patins. C'est bien sûr moi qui avait du les attachés puisqu'elle ne savait toujours pas nouée ses lacets. Cette pensée me fit un instant sourire. Puis je vis la tête de Thibault.
Le retour à la réalité fut rude. "
Je ne vous donnerais pas ses heures de colle. Je sais parfaitement que vous en avez déjà bien assez. " Il avait gardé ses lunettes, ce qui lui donnait un air encore plus sévère, et plus vieux aussi. "
Merci. " Il n'allait pas se contenter de ça, le grand bavard. "
Ce n'est pas en gardant cette attitude que vous pourrez rester encore en France. " Mon sang ne fit qu'un tour. "
Pardon ?! " Son mauvais sourire ne m'inspirait pas confiance. Je le détestais déjà. Je sens que j'allais véritablement pouvoir le haïr. "
Votre père pourrait très bien être mis au courant de vos agissements. " Il était vraiment sérieux ? Tout mon corps s'est crispé d'un coup. Il est en train de me menacer cet enf*iré ?! "
Je croyais que l'ancien directeur en avait déjà discuter avec lui. C'est mademoiselle la directrice qui me l'a dit. " Il parut un instant étonné, mais ne changea nullement de position."
Lorsque j'appelle les parents, je parle toujours en mon nom. La directrice n'en saura rien. " J'ai vraiment eu envie de le frapper. Je vous assure que si je n'étais pas partie en claquant la porte furieusement, il aurait perdu une dent ce gros con*ard.
Je cours, il m'appelle, je l'ignore. Je cours juste. Je bouscule les élèves sur mon passage et me retrouve bientôt devant l'entrée principale de Nobilia. Cette grille est vraiment immense. Cette vision devint soudain insupportable et comme pour donner un peu plus d'ampleur à ma colère, le tonnerre gronda. Aussitôt accompagné d'une pluie torrentielle. Par chance, j'ai mon sweat bordeaux aujourd'hui. Je mets ma capuche et continue d'observer le grand portail avec dédain. Ce monument m'étouffe. Sous cette pluie torrentielle qui provoque beaucoup d'agitation autour de moi, je ne bouge pas. Je respire enfin. J'ai envie... d'être libre.
Cette porte est celle de ma prison. Alors, puisque je suis un Miloslav, je saurais m'en affranchir.
S'il ne veule plus de moi ici ? Je partirais de mon plein gré avant qu'on ne me rapatrie. Tout pour être libre. Ignorer les professeurs. Ignorer ceux qui tienne à moi. Ignorer l'existence même de mon père. Et enfin, je pourrais faire ce qui me plaît.
Si je réussis, je serais enfin maître de mon destin. Je regarde au allant tour. Hélas, je ne suis pas seul. Il y a une silhouette plus loin qui tout comme moi, semble ignorer l'averse qui ne va qu'en s'intensifiant. Me*de. Tant pis.
Je tente ma chance. Avec cette visibilité pourrie et le sol déjà gorgé d'eau, courir ne semble vraiment pas être une solution idéale. Seulement, c'est ma seule option. Prions pour qu'il ne m'ait pas vu. Dans trois secondes, je disparais de ce monde là qui ne semble pas vouloir de moi.
UN. J'avais deux heures de colles ce soir, normalement.
DEUX. Avec la professeur de mathématiques.
TROIS. Elle pourra toujours m'attendre...
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GO !!