Ils n'étaient que des chiens, armés de leurs fusils.
Ils étaient dits sans crainte, sans faille et sans dépit.
Au gré des camarades qui répandaient leur sang,
Ils affrontaient l'Histoire, en restant impuissants.
Mais que pouvaient-ils faire, eux qui étaient les pions
D'une vile chamaillerie, sans nul vocation ?
Ils ne pouvaient que vivre en implorant l'Espoir
Pour qu'un jour peut-être, ils puissent les revoir,
Ces vaillantes épouses, ses enfants au grand coeur,
Ces fils courageux, ou ces aimables soeurs.
Ils ne savaient pourtant que cette ultime fois,
Que cette hargneuse attaque, que ce dernier effroi
Serait pour leur âme, pour leurs esprits troublés,
Comme un coup de canon, le moment de rêver.

Ô hargne ridicule qui possède mon âme,
Ô infâme pensée qui hante mon esprit,
Qui es-tu, imbécile, toi qui toujours proclame
Le droit à l'impossible, le libre infinie.

Ô vulgaire insouciance d'un monde exténué,
Qui puise dans mes ressources, qui use de mon enfance,
Pour poser mon esprit sur ce maigre papier,
Et tirer de ces mots, une crue puissance.

Je crois t'avoir cerné, Ô malsaine impudence,
Qui loge dans mon âme, Ô vile usurpation,
Et anime sous mes yeux une folle violence,
Ô toi qui est, au fond, mon imagination.

Lente mélancolie sanguinaire,
En cet hiver monotone
Dont le souffle chantonne
Une mélodie étrangère.

L'hiver vêtu de rouge
Que le silence admire
A retrouvé ses martyrs
Qui, désormais, ne bougent.

Qui sont ces inconnus
Qui de leur sang impur
Tâchent le futur
Qu'ils n'atteindront plus ?

Le souffle de la vie
Les a abandonné,
Et ainsi, épuisés,
Ils se sont endormis.

[Ce fut le premier poème que j'ai écrit, que j'ai par miracle, ou malheur, retrouvé, donc ne soyez pas trop sévères !

Chaque jour, pour moi, est un supplice.
Tant de questions dansent dans ma tête.
Mon existence est immondice.
Faut-il que je parte, ou que je reste ?

Parfois, j'envie les morts
Pour leur sérénité.
Leur silence vaut de l'or,
On ne peut les blesser.

Mais suis-je seulement vivant,
Moi qui n'ai aucun lien ?
Je me rappelle les rires d'antan,
Je me souviens que je ne suis rien.

Vivre ou mourir
En cet ultime combat ?
Partir, périr,
Ou rester ici-bas ?