Avant, on était là...

Alors que j'avais fait quelques enjambés et que nous nous rapprochions de l'internat, je pensais une nouvelle fois l'avoir perdue. Je finis par me rendre compte que c'est simplement parce que je marche vite... Avec Irina, ma petite sœur âgée de dix ans et demi, ça m'arrive souvent. Alors pour éviter ce genre de problème, elle me prend la main... A cette pensée, je rougis brièvement en pensant que Mia ferait une drôle de tête si je lui prenais la main sans raison. Comme j'avais arrêté de marcher, la voilà qui m'avait rattrapé. Surpris de la revoir, sachant qu'elle me surprenait une nouvelle fois dans mes pensées, je dus paraître un peu plus agressif. " Tu es vraiment courte sur pattes. Je peux te reprendre sous l'bras au besoin... " Je crois que mon sadisme naturel refaisait un peu surface là. Mais elle ne m'avait rien fait ! Pourquoi est-ce que j'essayais soudainement de lui faire peur ? Je me grattais alors la tête, tenant toujours sa valise de l'autre. " Je plaisante, haha. Et je m'excuse de t'avoir porté comme ça tout à l'heure... après tout, j'ai peut-être choqué une demoiselle d'un rang plus élevé que le mien ? " Courtoisie et une question pour détourner le sujet. Je m'améliore on dirait. Après tout, j'ai déjà offusqué deux duchesses alors... Je ne suis plus à ça prêt mais bon, mieux vaut prévenir que guérir comme dirait l'infirmière...

Il répondit instantanément et de manière un peu simple avec son :

- De rien.

Oui, simple et précis, au moins il n'y avait pas à discuter et ça leurs éviter les "Oh mais ce n'était rien !" "si j'insiste, tu as beaucoup fait pour moi" et autres phrases totalement niaises dont Mia ne raffolait pas foncièrement. De toute façon elle avait l'esprit totalement ailleurs là, "Vicomte" l'avait vraiment choquée, elle ne s'en remettait pas.
C'est alors qu'il se mit à la fixer, les mains dans les poches. Elle essaya un instant de comprendre, mais étant très mal à l'aise elle baissa les yeux alors qu'il se penchait vers elle. Que lui voulait il ? Avec son expressions totalement neutre c'était impossible à deviner et c'était particulièrement frustrant !

- Tu vois ? C'est pas agréable d'être fixé sans raison.

Il ... il l'avait fixé pour ça !? Lui prouver que c'était désagréable !? Elle retrouva immédiatement son état d'esprit d'avant la découverte du rang de ce cher Vadim, s'il osait faire ça elle n'avait pas à se montrer avec son côté faible, du moins son vrai côté faible.
Il saisit la valise et se tourna vers elle avec un petit air malicieux.

- On y va alors ?

Elle lui fit son sourire le plus mignon et le plus innocent avant de s'exclamer joyeuse :

- Oui ! Je te fais confiance car je ne sais pas du tout où on est !

La partie avait commencée. Sans s'en rendre compte il lui avait lancé un défi, et elle comptait vraiment devenir gentiment casse-pieds.
Le jeu auquel elle jouait en ce moment était simple, c'était un jeu de regard. Elle le fixait, et quand il essayait de croisé son regard elle l'évitait.
Elle marchait derrière lui tout en fredonnant, jouant tranquillement à sa guerre des regards. Elle prenait un air vraiment naïf, comme si elle avait comprit qu'il ne voulait pas qu'elle le regarde, alors elle le faisait quand lui ne la regardait pas, bien qu'elle ne soit pas suffisamment rapide et qu'il lui arrive de se faire surprendre.
Mais avec ses grandes jambes et son allure rapide il finit par prendre un peu d'avance, et c'est un euphémisme. Elle fixait son dos avec une moue boudeuse. Elle crut qu'il s'éloigné parce qu'elle l'énervait à le fixer ainsi. Mais brusquement il s'arrêta, ce qu'elle ne comprit pas trop en faite, et en le rattrapant elle put remarquer qu'il avait rougit. A quoi pouvait il bien penser ? Rah, quel dommage qu'elle ne puisse pas savoir !

- Tu es vraiment courte sur pattes. Je peux te reprendre sous l'bras au besoin...

Cette irritation dans sa voix ! Mais qu'avait elle fait ? Oui, cette question était idiote, dans un sens Mia pensait qu'il n'aimait juste pas qu'elle le fixe de la sorte. Mais de là à la traiter comme un sac à patates de nouveau, et en plus il avait dit qu'elle était courte sur pattes ! Elle était parfaitement proportionné bien qu'elle soit petite !
Mais rapidement il recommença son geste là, se frotter l'arrière de la tête. Il était assez frustrant ce gars à changé comme ça.

- Je plaisante, haha. Et je m'excuse de t'avoir porté comme ça tout à l'heure... après tout, j'ai peut-être choqué une demoiselle d'un rang plus élevé que le mien ?

Ah ! La question qu'elle voulait éviter ! Pouvait elle lui avouer que son rang était loin d'avoir le prestige du sien ? Qu'elle n'était pas une vraie noble ? Comme tout véritables nobles il l'aurait certainement prit de haut et elle n'aurait pas supporter ça ! Mais pouvait elle lui mentir ? Non, elle était une menteuse serte, mais il y avait un sujet sur lequel elle ne mentait pas, son rang. Et puis d'abord, c'était quoi ce changement d'attitude là !!
Elle se força à lui faire un sourire enfantin et gentil.

- Ne t'en fais pas ! Dit-elle simplement, Si tu n'avais pas fait ça on aurait eut des problèmes je crois...

Elle baissa les yeux d'un air gênée et baissa un peu la voix.

- Mais j'aimerais bien que ça ne recommence pas, c'était un peu effrayant...

Oui, c'était un gros bobard, mais avec ça il ne recommencerait peut être pas. En bonus elle n'avait pas dévoilé son rang, ce qui était vraiment mieux. Elle ne supporterait pas que les gens la prennent de haut.

Je n'avais pas été très attentif aux expressions de Mia. Mais quelque chose sonnait faux dans le sourire qu'elle me lançait en répondant à mon interrogation peu discrète. " Ne t'en fais pas ! Si tu n'avais pas fait ça on aurait eu des problèmes je crois... " Et une fois de plus, elle évita mon regard en baissant les yeux. " Mais j'aimerais bien que ça ne recommence pas, c'était un peu effrayant... " Ne comprenant pas vraiment son attitude, je ne cherchais pas plus loin en recommençant à marcher vers l'internat. " Comme tu voudras. Il n'y aura pas besoin de toute façon, nous sommes quasiment arrivés. " D'un geste je lui désignais le grand bâtiment en face de nous. Toujours avec sa valise sous le bras, j'essayais de marcher doucement pour rester plus facilement à sa hauteur. Ce n'est qu'à ce moment que je commençais à me poser des questions sur ses bonnes manières et son attitude. Elle avait bien esquivé ma question. Elle ne devait pas être noble alors : chacun adore déclamer sous tous les toits de quel rang il est dans cet école. Ce n'était pourtant pas une honte d'être bourgeois ou prolétaire. Enfin, j'imagine que si elle préfère se taire je peux respecter ce choix.

Nous entrons enfin dans le hall de l'internat et alors que nous n'avions pas fait deux pas, nous croisons un groupe de filles. La plupart sont dans ma classe ... et je plaque immédiatement ma main sur mon front. " Oh non pas elles... " Je pressais alors le pas en voyant qu'elles m'avaient aperçus. Impacte dans trois ... deux ... un ... " Vaaadim ! C'est rare de te voir sans Lana ? Tu fais quoi avec cette fille ? C'est ta petite soeur peut-être ? " Prétentieuses, sans aucune gêne et avec des préoccupations purement superficielles, ces filles-là sont mes groupies depuis la rentrée. Dès que je me retrouve seul : paf ! Il faut qu'elle rapplique ! Je commence sérieusement à en avoir marre. Mais plus je suis méchant, plus elles me trouvent cool : allez comprendre leur logique ... " C'est quoi ton nom la miss ? " L'une d'elle s'était penchée pour être à la hauteur de Mia. Je vois qu'on a tous la même réaction en la croisant dans cette école... " Allez ! On veut savoir ! " J'échangeais un regard avec Mia pour voir comme est-ce qu'elle se sentait au milieu des envahisseuses.

" Laissez-nous. J'ai rien à vous dire. " Je redevins froid et distant comme à mon habitude. Mais ça ne les faisait en aucun cas fuir, bien au contraire. " Si tu la protèges comme ça, c'est forcément ta petite sœur. Elle n'a pas le droit d'être là, on peut très bien aller te dénoncer. " L'attitude de cette pimbêche qui se croyait tout permis me mit hors de moi. Elle avait osé ! Mais je ne devais pas céder à la panique et je devais rester fidèle à moi-même. " Si ça vous amuse de passer pour des fouineuses, allez-y. Contrairement aux apparences, Mia est une nouvelle élève de seconde. " A ma grande surprise, les groupies réagirent d'une manière bien imprévisible. Elles se penchèrent toutes à ça hauteur avec les yeux en coeur. " Haan ! C'est trop mignon ! " " Tu es vraiment en seconde ? " Tandis que la dernière s'approchait de moi. " Depuis quand tu aides gracieusement les nouveaux en portant leur valise ? " Je plongeais mon regard glacial dans le sien et je répondis avec le plus de haine possible : " Parce que tu crois vraiment connaître quelque chose de moi ? "

Je n'ai pas compris, mais elle s'est mise à sourire bêtement avant de défaillir. Faut vraiment qu'on m'explique. Pendant ce temps-là, les deux autres filles pinçaient les jouer de Mia pendant qu'une essayait de la serrer dans ses bras. J'ai vraiment eu du mal à me retenir de rire. " Tout va comme tu veux ? " Je t'entendais une main vers elle pour qu'elle se relève et qu'on la laisse tranquille. " Non reste avec nous Mia, tu es trop chouuuutte ! " C'était quoi ce mot ? Décidément, elles avaient de drôles d'expressions ces filles. " S'il - te - plaît " La dernière ponctuait sa demande par des bisous bruyants qu'elle lui collait sur la joue en laissant des traces de rouges à lèvres. J'avais un peu pitié d'elle : mes groupies la prenaient pour une vrai poupée vivante !

Il n'insista pas plus, ce qui soulagea la petite fille.

- Comme tu voudras. Il n'y aura pas besoin de toute façon, nous sommes quasiment arrivés.

Il lui désigna le bâtiment qui leur faisait face, celui ci était immense, à côté de lui Mia se sentait vraiment petite, enfin plus que d'habitude quoi.
Vadim essayait tant bien que mal de rester à la hauteur de la petite, elle faisait de petits pas peu espaçés alors que lui avec ses grandes jambes aurait pu la semer en trois enjambés ! Donc ce ne devait pas être simple de rester à son niveau. Mais pourquoi faisait il autant d'effort pour ça ? Il était Vicomte, si Mia avait eut ce rang elle n'aurait jamais fait d'effort, enfin c'est déjà ce qu'elle faisait mais bon.
Elle eut un petit pincement au cœur en voyant le bâtiment se rapprocher, certainement allait elle devoir dire au revoir à Vadim, et elle ne le reverrait peut être jamais... surtout qu'il ne semblait pas être un gars très bavard chaleureux et tout le tralala, alors il ne la chercherait certainement pas. Ah non ! Elle rejeta ces pensés stupides d'un seul coup, elle ne pouvait pas développer une amitié avec le premier gars qu'elle rencontrait, ce serait une preuve de faiblesse, non ?
En passant la grande porte ils débouchèrent dans le hall, là un groupe de fille attendait en jacassant un peu trop fort. Quand Vadim les remarqua il se frappa le front.

- Oh non pas elles...

Tout à coup il accéléra le pas, Mia se précipita derrière lui pour parvenir à rester à sa hauteur, mais rapidement les filles leurs barrèrent la route.

- Vaaadim ! C'est rare de te voir sans Lana ? Tu fais quoi avec cette fille ? C'est ta petite soeur peut-être ?

Lana ? Déjà, ce prénom était inconnu à la fillette, et secondement, d'où elle aurait pue être sa sœur !? Il était grand avec des cheveux clairs, elle était petite avec cheveux sombres ! Ils ne se ressemblaient pas du tout !
Enfin mis à part ce petit air russe qu'ils avaient en commun, et la couleur de leurs yeux, d'ailleurs, ce n'était pas une couleur très répandue en Russie, Mia l'avait obtenue de sa mère française...

- C'est quoi ton nom la miss ? Demande l'une d'elle en l'interrompant dans son énumération mental de leurs points communs et de leurs différences.

La jeune femme s'était penchée vers elle, Mia la dévisagea quelque instant, faisant mine d'être timide. En réalité elle se demandait juste si elle devait vraiment lui répondre, elle n'en avait aucune envie. Ces filles étaient trop maquillés et ressemblaient à des pots de peintures, enfin celle qui avait parler la première était certainement la plus modérée. Outre ce fait, elles ne lui inspiraient pas vraiment confiance, on aurait dit qu'elles venaient de trouver un nouveau jouet, or, Mia n'était pas un jouet que l'on pouvait jeter dès qu'on en à plus besoin.

- Allez ! On veut savoir ! Insista une autre.

Automatiquement, elle jeta un regard de détresse à Vadim, elle ne voulait pas rester avec elles, ces filles semblaient louches.

- Laissez-nous. J'ai rien à vous dire.

Au début, Mia admira sa franchise, mais leurs réactions étaient le strict opposés de celle que la petite avait imaginé;

- Si tu la protèges comme ça, c'est forcément ta petite sœur. Elle n'a pas le droit d'être là, on peut très bien aller te dénoncer.

Mais ! Quelle peste celle là ! Oui, Mia aurait été capable de dire la même chose, mais ils n'étaient pas liés par le sang ! Elle n'était pas sa petite sœur, il n'était pas son grand frère ! Les efforts que devait faire la petite pour ne pas se montrer arrogante et mesquine étaient de plus en plus importants, elle crut qu'elle allait craquer mais Vadim intervint. Heureusement.

- Si ça vous amuse de passer pour des fouineuses, allez-y. Contrairement aux apparences, Mia est une nouvelle élève de seconde.

La petite le regarda avec de grand yeux, ce n'était pas de la surprise mais de l'admiration, il disait la vérité avec une telle froideur, Mia aurait perdue son sang froid ! Elle décida de prendre exemple sur lui, et pile à ce moment les filles se penchèrent toutes vers elle. Non mais c'est pas vrai...

- Haan ! C'est trop mignon !
- Tu es vraiment en seconde ?

Ouah ! Mais non mais stop ! Surtout que Vadim semblait retenue par l'une d'entre elle. Elle n'aurait donc pas d'aide cette fois. Elle prit un air gêné et fixa le sol, elle devait jouer la comédie sans se laisser submerger par ses sentiments, comme Vadim qui arrivait à garder son sang froid.

- Ou-oui, je suis en seconde... enchantée...

Les deux filles poussèrent des petits cris et se mirent à la caliner et à jouer avec ses joues. Non mais c'est sérieux !? Elles ont un problème ces filles ! Elles ne connaissent pas le respect où quoi !
Elle commença donc le plan : attendrissement du sauveur. Elle laissa les larmes lui montaient aux yeux.

- Tout va comme tu veux ?

Alors il lui tendit sa main, non ça n'allait pas ! Elle était traitée d'une manière totalement ridicule ! Maintenant les larmes dans ses yeux étaient vraiment visibles et elle prit un air effrayée.

- Non reste avec nous Mia, tu es trop chouuuutte !
- S'il - te - plaît.

La dernière lui déposa un affreux baiser bien sonore sur la joue, trop c'est trop. Elle laissa quelques larmes couler sur ses joues et se précipita pour saisir -plus que la main- le bras de Vadim, elle s'accrocha à lui comme s'il était son seul espoir. Elle jouait à moitié la comédie car les filles étaient réellement effrayantes. Celle ci d'ailleurs en profitèrent pour venir à leurs tours se coller contre son porteur de valise, elle se retrouva donc écraser par leurs... leurs... leurs POITRINES ! Mais pourquoi ces filles étaient si... ça ne ce fait pas ça ! Comment pouvaient-elles oser !
La petite serra encore plus le bras de son sauveur, totalement paniquée face à cette situation -du moins en apparence.
Elle entendait les filles parler entre elles et avec Vadim, mais elle ne savait pas quoi faire et n'écouta pas.
Finalement elle tira sur sa manche pour qu'il reporte son attention sur elle et le regarda avec les yeux remplis de larmes.

- On peut y aller ? Demanda-t-elle avec une petite voix toute bouleversée.

C'était vraiment trop difficile de se retenir de rire. Elles sont machiavéliques ces filles-là. Pour une fois que je n'étais pas leur victime direct... Mon envie de rire passa tout net quand je vis les yeux au bord des larmes de Mia. Décidément, c'est toujours à cause la couleur de ses iris que je suis troublé. J'y reviens toujours. Il faut que j'arrête de me laisser perturber par ce simple... détail ! Elle s'accrocha bientôt à mon bras pour que je la tire de là. C'était adorable de la voir s'accrocher à celui-ci comme à une bouée de sauvetage. Bien volontiers, je l'aidais à sortir de ce traquenard... Sans imaginer que les deux glus changeraient aussitôt de cible. " Naaan !! Laisse-là nous ! " Puis elles se regardèrent avec un sourire complice tandis qu'enfin Mia était sortie d'affaire. Je déglutis bruyamment. " Viens-là sale voleur ! " Incapable de réagir, on se retrouva tous les deux dans ce câlin collectif forcé. Mia se tenait à ma jambe et j'essayais tant bien que mal de me dégager. " Vaaadiim ! Tu as la peau si doooouce ! " Elle se frottait à moi... Par pitié que ça s'arrête. " C'est bien toi le prince de cette école. " C'est bon, j'ai atteint ma limite là. " Mais lâchez-moi bande poulpes !! " Méchamment j'agitais les bras pour les dégager. " Vous avez fini oui !! Votre copine est dans le comas, pour info ! " Je désignais la troisième toujours léthargique sur le sol qui ne réagissait pas. Les deux poulpes se sont enfin rendu compte de la situation et se sont alors totalement détournés de nous.

" On peut y aller ? " Elle avait vraiment une petit voix en lui demandant ça. Je baissais la tête pour voir qu'elle était toujours accroché à moi. Soudainement, je lui souris. " C'est ce qu'on a de mieux à faire, tu ne crois pas ? " Pudiquement, j'essayais de remettre ma chemise en place qui avait été froissé et je lui demandais d'un regard de me lâcher. Je priais pour que mes joues ne soient plus aussi rouge que pendant l'étreinte des deux assaillantes : oui, je suis très pudique. J'ai vraiment du mal à me faire enlacer comme ça sans que mon cœur cesse un instant de battre. Mais ça, je ne l'avouerais jamais bien sûr. Seulement avant de repartir, je ne pus m'empêcher de remarquer un détail gênant... " Euh... on peut faire un détour par les toilettes si tu veux. " Ne sachant pas comment m'y prendre, je ne m'y pris pas par quatre chemins. " Tu as des traces de rouge à lèvres sur les joues... " Je cachais derrière ma main le départ de sourire qui me reprenait face à cette situation.

Les toilettes communes de l'internat était à quelques pas. Bien sûr, nous avions tous une salle de bain par chambre de quatre personnes mais il y avait des toilettes pour le personnel ou les visiteurs au rez-de-chaussée. Sans oublier sa valise que je me trimballais toujours, je lui désignais la porte pour les toilettes réservés aux filles. " Tu n'as pas besoin de moi. " Seulement, alors que je venais de prendre appuie sur le mur pour souffler un peu en croisant les bras, je croisais une connaissance qui sortait de celles-ci. " Hey ! Salut le beau gosse ! " Des cheveux bleus, un short et une chemise ouverte sur un généreux décolleté, des yeux vairons vert et rouge : aucun doute, possible. " Hey Alice ! " Seulement je pense avoir raté un épisode lorsqu'elle évite soigneusement mon regard. Elle... elle ne m'attendait pas à me trouver là ? Je louchais bientôt sur un gros carton qu'elle transportait avec assez de facilité. " Tu n'as pas l'air contente de me voir. " Ben oui à chaque fois c'était un câlin totalement embarrassant et là : rien. " C'est... parce que je n'ai pas le temps ! Je t'expliquerais plus tard ! Salut ! " Hm... La voilà repartit vers les chambres. J'étais souvent absent à cause de mes punitions : qu'est-ce qu'elle trafique comme ça sans me le dire ? J'ai une enquête à mener dans l'internat ce soir.

Il baissa la tête vers elle et la regarda un instant avant de lui faire un grand sourire.

- C'est ce qu'on a de mieux à faire, tu ne crois pas ?

Elle hocha la tête, oui, ce n'était pas peu dire. Il réajusta sa chemise certainement débraillée par les deux filles qui s'étaient littéralement jetés sur lui. D'ailleurs, pourquoi l'avaient elles lâchées ? Pas qu'elle veuille s'en plaindre mais un tel virement de situation était plutôt étrange. Le regard de Vadim lui apprit qu'il préférait qu'elle le lâche, c'est un peu déçue qu'elle obtempéra docilement. Elle put même remarquer que les joues du jeune homme étaient rosées, plus qu'à son habitude, peut être était ce là les reste de rougeurs disgracieuses.
Bref, en jetant un coup d’œil à la situation actuelle elle comprit que l'une des fille avait due faire un malaise et que les deux autres s'étaient précipitées pour l'aider. Qu'avait bien pu faire ce gars pour en arriver là ? Elle coula un regard suspicieux à Vadim avant de laisser tomber, après tout ils en étaient débarrassés c'était déjà un bon début !

- Euh... on peut faire un détour par les toilettes si tu veux. Dit-il d'un air gêné.

Alarmé et tout à coup très mal à l'aise elle se regarda, qu'y avait il !? Pourquoi devaient ils passer aux toilettes, et surtout pourquoi était il gêné de devoir le lui avouer !! Elle analysa rapidement sa tenue, son sweat et sa jupe étaient presque impeccable ! Un peu froisser peut être mais rien ne nécessitait d'aller aux toilettes !

-Tu as des traces de rouge à lèvres sur les joues...

QUOI !? Elle écarquilla les yeux et frotta sa joue pour se retrouver avec un peu de rouge sur la main. Non mais c'était pas possible ça !! Déjà qu'elle lui avait fait un baiser poisseux en plus elle lui avait laissé une trace de lèvres !!! Enfin, vue que les joues de la gamine virèrent à l'écarlate, peut être que s'était plus discret. Sans parler de l'air amusé de Vadim, il était d'un soutien là ! Mia aurait aimée avoir du rouge à lèvre pour lui faire une jolie marque à lui aussi ! Heureusement pour elle les toilettes n'étaient pas loin. Il lui désigna la porte avec dessus une petite madame, qu'elle comprit être les toilettes des filles.

- Tu n'as pas besoin de moi.

Il prit appui sur le mur et elle se décida à entrer, bien sur qu'elle n'avait pas besoin de lui. C'est alors qu'en refermant la porte elle entendit des voix, celle de Vadim bien entendu, et celle d'une autre fille. Trop populaire ce porteur de valise franchement !
Mais un nouveau problème s'imposa à elle. Pourquoi la vie la malmenait ainsi ? Qu'avait elle fait !
Explication : la seule chose qu'elle parvenait à voir c'était ses yeux. Autrement dit, elle était trop petite. Elle sautilla sur place pendant quelques minutes, oui elle arrivait à voir la marque, mais impossible de l'effacer dans ces conditions, et si elle y allait à l'aveugle elle en aurait rapidement partout. Mais pourquoi ça devait lui arriver à elle, allait elle encore devoir demander de l'aide à Vadim ? Enfin cette fois elle avait réellement besoin de son aide. Non mais franchement. Elle resta dans les toilettes à hésité, ne pouvant voir que ses yeux et le haut de sa tête dans le reflet du miroir. Au moins pouvait elle se vanter que sa coiffure soit resté impeccable face à l'attaque qui avait précédé. Elle se décida à aller appeler son porteur de valise, de toute façon les hésitations ne servaient à rien, elle n'avait que ça à faire.
D'un pas hésitant elle sortit des toilettes, baissant les yeux. Elle était réellement mal à l'aise là, et certainement allait il s'en rendre compte vu la couleur pivoine de ses joues.

- Je... j'ai un problème... il faudrait que tu m'aides...

Elle se mordit la lèvre inférieur, espérant se donner le courage d'avouer qu'elle était minuscule. Elle le savait bien ça, mais le dire était une autre chose, en plus, c'était la première fois que ça la désavantagé !
Elle se rapprocha de lui et le tira vers elle, se mettant sur la pointe des pieds pour lui chuchoter à l'oreille.

- Je suis trop petite, j'arrive pas à voir la trace dans le miroir.

Bien sur cette déclaration aurait pu en faire rire plus d'un, comment allait il réagir lui ? Embarrassé au plus au point elle rougit encore plus. C'était déjà la honte d'avoir une trace aussi disgracieuse sur la joue mais là c'était le comble !
Bon, il restait le problème des toilettes, y'avait fille et garçon mais pas mixte. C'était soit à elle d'aller chez les gars, soit lui de l'accompagner chez les filles.

Alors qu'Alice me filait sous le nez, que je la suivais du regard avec un air suspicieux parce qu'elle trimbalait avec elle un gros carton bien énigmatique, j'entendis une petite voix familière en provenance de la porte des toilettes. " Je... j'ai un problème... il faudrait que tu m'aides... " Un peu surpris, je baissais bientôt la tête pour revoir Mia qui avait l'air sacrément embarrassée vu la couleur de ses joues. Elle ne levait même pas les yeux. Et heureusement qu'il n'y avait pas de bruit en cette heure déserté par les élèves sinon je n'aurais jamais entendu sa remarque. " Un problème ? " J'étais prêt à de nouveau me gratter la tête mais en levant la main, je me suis dit que je l'avais assez fait pour aujourd'hui et que ma tignasse devait être assez en bataille comme ça. Elle se rapprocha de moi, vérifiant qu'il n'y avait personne, comme pour me faire une confidence. C'est alors que se produisit une chose étrange, elle tira sur le pan de ma chemise et je compris qu'il fallait que je me baisse. La voilà qui se hissa sur la pointe des pieds, pour me murmurer son secret : " Je suis trop petite, j'arrive pas à voir la trace dans le miroir. "

J'en posais un genou à terre, étonné par ce qu'elle venait de faire. Très vite, je fis un mouvement de recul en posant ma main sur l'oreille devant laquelle elle venait de parler. J'étais rouge cramoisi... c'est certain. Comme elle. On faisait vraiment la paire sur ce coup-là. Dès qu'il y avait le moindre contact extérieur avec l'une de mes oreilles, ça résonnait comme un courant électrique et je me retrouvais paralysé et troublé. C'était automatique. Depuis que je suis petit, mes oreilles sont mon plus grand point  faible. Et ça non plus, je ne le reconnaîtrais jamais. Je me relevais aussitôt, pour ne pas qu'elle se pose trop de question, lâchant mon oreille et essaya de penser à autre chose qu'à sa petite voix qui me confiait son fameux soucis, il y a quelques instants. Laissant la valise, je la pris par le poignet et ouvrit la porte la plus proche sans réfléchir, emmenant Mia avec moi. " Je vais te l'enlever ça va être vite fait ! " Tandis que la porte claquait derrière nous et que j'étais en quête d'un morceau de papier quelconque, je me rendis compte un peu tard... que j'étais en terre inconnu.

Je relevais la tête pile au moment où une fille fit son apparition. Je pus voir au passage ma face cramoisi et mes cheveux en pétard, ce qui semblait plutôt être une bonne raison de crier ce magnifique : " Hiiii ! Un pervers !!!! ". Difficile de ne pas lui donner raison. Plus rapide que l'éclair, je reprenais le poignet de Mia et courrait presque pour sortir de cet enfer. " Désolé ! " Je claquais la porte sur nous, laissant la fille choquée seule dans cet endroit bien trop dangereux pour moi. Dans un gros soupir de soulagement je réussis à me détendre un peu. " Bon, si j'entre là-dedans c'est moi le gros pervers de service. Tu veux bien m'accompagner à côté ? On ne pourra jamais penser ça d'une petite fille intègre comme toi... " Je me frottais de nouveau les cheveux, puis la nuque pour changer en lui demandant ça. Mes rougeurs n'étaient pas prête de disparaître avec ce qui venait de se passer... Mais c'était bien le cadet de mes soucis.

L'abondance dans les toilettes des hommes étant plus rares, je pensais avoir plus de chances en emmenant Mia avec moi dans nos toilettes. J'entrais le premier, laissant toujours la valise à côté des toilettes : après tout, qui irait piquer une valise aussi blindée que la sienne... franchement ? et lui tenait la porte. " Si madame veut bien se donner la peine de me suivre. " Oui, je fais souvent le pitre quand j'essaye de me changer les idées. C'est rare, mais ça arrive. Maintenant que nous y étions, il ne reste plus qu'à trouver un moyen de la débarbouiller vite-fait bien fait...

Il déposa un genou à terre visiblement déstabilise. Il eut un mouvement de recul et se couvra l'oreil d'une main alors que son visage prenait la même couleur que celui de la jeune fille. Wow ! Pourquoi il était gêné au juste ? Mystère pour la petite qui le regarda sans comprendre, toujours aussi gênée d'ailleurs. Au moins leurs joues étaient assortis, un peu comme leurs yeux, si des gens passaient par là ils avaient de quoi se poser des questions !
Après un court moment où il sembla totalement pétrifié il se redressa, découvrant son oreille. Il abandonna la valise dans le couloir en emmena la petite dans les toilettes des dames, choix respectable mais risqué pensa-t-elle, au moins elle n'aurait pas à voir ce qu'il se passe chez les gars, mais avait des risques de ne pas en sortir vivant.

- Je vais te l'enlever ça va être vite fait !

Il ne semblait pas non plus enchanté, du moins sa phrase n'était pas ce qu'on pouvait appeler " pleine de douceurs ", loin de là.
On aurait pu croire un père pas content que sa fille lui fasse un caprice, mais qui s'occupe quand même de le faire.
En laissant la porte se refermer dans un claquement il se mit en quête d'un papier quelconque, certainement pour essuyer la petite.
Mia entendit le grincement de la porte, curieuse, elle se tourna pour voir entrer une jeune fille. C'était déjà trop tard, elle aurait voulue dire à Vadim de se planquer, mais la jeune fille fraîchement arrivée l'avait déjà repéré. Mia eut tout juste le temps de se couvrir les oreilles avant que la seconde fille pousse un cri strident.

- Hiiii ! Un pervers !!!!

Alors qu'elle avait les yeux fermés elle sentit que quelqu'un l'empoignait et la forçait à fuir de ces toilettes, elle comprit avant même d'ouvrir les yeux qu'il s'agissait de Vadim.

- Désolé !

Elle put voir la porte claquer derrière eux, croisant avant ça une dernière fois le regard perturbé de la fille restée dans les toilettes féminines.
Alors qu'ils étaient dans le couloir Vadim lâcha un gros soupir. Mia commença à penser qu'elle lui portait malheur, le gars dans les hall de l'établissement, les filles dans le hall de ce bâtiment, et pour finir cette fille qui allait certainement s'empresser de prévenir toutes ses amis que le grand russe au cheveux clairs et aux yeux noisettes était un gros pervers qui allait dans les toilettes des filles. Vraiment pas de chance pour lui ça.

- Bon, si j'entre là-dedans c'est moi le gros pervers de service. Tu veux bien m'accompagner à côté ? On ne pourra jamais penser ça d'une petite fille intègre comme toi...

Elle écarquilla les yeux, incapable de répondre. Dans... les... toilettes... des MECS !? Que... non ! Elle n'avait jamais mit les pieds dans un tel endroit, les rumeurs qu'elle avait entendue sur ce genre d'endroits étaient tout bonnement effrayantes !! On disait tellement d'atrocité... Elle était presque paralysée par l'appréhension, mais il ne sembla pas s'en rendre compte. Il entra, tenant la porte. Elle eut du mal à réfléchir, totalement effrayée. Qu'allait elle y trouver ? Y avait il des gars cachés dedans ? Oh dieu ! Quel torture ! Mais comment pouvait elle être si terrorisé ! Décidant de ne pas se laisser faire par ces émotions compromettantes elle s'avança, de toute façon c'était soit ça, soit l'immonde trace qui resterait.

- Si madame veut bien se donner la peine de me suivre.

Elle avança à pas méfiants, jetant des regards un peu partout.

- Mademoiselle. Le reprit-elle quand elle arriva près de lui.

Oui bon, y'avait eu une loi qui abolissait le mademoiselle non ? De toute façon elle trouvait ça idiot, Madame ça faisait vieux ! Au diable cette loi idiote. Elle avança doucement dans la salle, gardant les yeux fixés sur le sol, ses joues s'enflammés à chaque pas. Mais quel torture ! Puis, elle se résolut à jeter un rapide coup d’œil en l'air pour voir où en été Vadim. Mais elle n'aurait pas due. Elle croisa alors le regard d'un mec qui semblait un peu choqué de la voir là. Elle ne put retenir ce petit cri qui s'échappa de sa bouche alors qu'elle faisait marche arrière en courant, se cognant contre quelqu'un qu'elle pensait être Vadim, elle se cacha derrière lui mais... le problème c'était que le gars qui lui servait de cachette n'était pas son porteur de valise. Devenant encore plus rouge elle dévisagea le gars d'un air totalement pétrifié de peur, certainement ces deux gars avaient dû entrer ensemble.

- Vadim... chuchota-t-elle pour l'appeler à l'aide, totalement incapable de faire un pas de plus.

En faite, il était plus juste de dire qu'ils se portaient la malchance l'un à l'autre, car elle non plus n'avait pas été épargnée depuis qu'elle l'avait rencontré...

Alors que je m'inclinais légèrement en tenant la porte, la voilà qui passe devant moi, avant de relever la tête avec un petit air supérieur pour me reprendre : " Mademoiselle. " Dommage. J'avais cru bien faire puisque la dernière fois Juliette m'avait repris en disant que ça existait plus ou je sais pas quoi... Qu'ils sont compliqués en France avec ça ! Mais franchement qu'est-ce qu'on s'en bat le steak ! Je la surveille du coin de l’œil en scrutant les environs. Elle ne regardait pas où elle allait et je voyais le drame arriver gros comme une maison. Quelle idée de foncer tête baissé aussi ? ... Bon ce n'est pas comme si je venais tout juste de le faire parce que j'étais troublé par ce que Mia m'avait fait ... Alors que je m'approchais des lavabos, je la vis enfin relever son minois pour s'apercevoir que nous étions pas seul. Elle parut vraiment surprise, même qu'un cri de surprise lui échappa. Je tournais rapidement la tête vers elle plus franchement, près à lui demander ce qui se passait lorsqu'elle s'aggrippa la jambe la plus proche pour se mettre à l'abri. " Vadim... " Sauf que ce n'était pas la mienne.

Le mec en question, en train de se laver les mains dans le lavabo voisin au mien releva alors la tête vers moi. " Ben alors tu ramènes des clandestins dans les toilettes maintenant ? " J'essayais de réfléchir à pourquoi est-ce qu'il m'adressait la parole directement et comment ça se faisait qu'il me parlait avec un ton amicale. Je suis censé le connaître ? " Mia n'est pas une clandestine, c'est une élève de seconde fraîchement débarqué. " Tandis que j'avais choppé une serviette en papier qui servait à s'essuyer les mains, je la mouillais rapidement machinalement avant de me pencher vers Mia. C'est fou mais les lunettes de ce type et sa tronche d'asiatique me dit quelque chose. " T'es sérieux mec ? " Je commençais alors à frotter la joue de Mia avec le papier humidifié et froid pour retirer les quelques traces de rouge à lèvres. Je lui adressais dans un chuchotement quelques mots : " Dis si je te fais mal. " Puis je relevais la tête vers le curieux, quand l'opération fut terminé. " Si tu ne me crois pas, mène ton enquête. "

Alors que je m'éloignais pour jeter le papier à la poubelle, je me souvenus enfin d'à qui appartenait ce visage familier. " Bon allez je te crois. On se voit ce soir. " Il s'agissait de Yoru, l'un de mes colocataires de chambre qui était pourtant aussi dans ma classe... Mais moi et les noms. " Ouaip. " Puis avant de refermer la porte il sourit à Mia. " Tu reviens te coller à ma jambe quand tu veux, jeune fille. " De nouveau je me frappais le front, déconcerté. " Toi j'te retiens. " Il me lançait un grand sourire un peu provocateur avant de refermer la porte derrière lui. En m'essuyant rapidement les mains sur mon jean, je me tournais vers la petite nouvelle qui décidément, n'arrêtait pas de se faire charrier aujourd'hui. " Allez, cette fois on va pouvoir trouver ta chambre et tu seras officiellement une pensionnaire de Nobilia. " Je souriais une fois de plus. Je me sentais bien. C'était sans compter sur la présence de ce deuxième mec que j'avais réussi à oublier.

" Alors Milo, on fait dans la pédophilie maintenant ? " Je perdis aussitôt mon sourire, me tournant vers la voix qui venait de m'insulter avec le pire des surnoms que l'on peut employé en ma présence. M'appeler ainsi pour me provoquer est synonyme potentiellement de deux choses : d'inconscience ou d'une franche envie d'abréger son existence. Je lançais mon regard de tueur à cet individu souriant et fier de sa con*erie. " Répète un peu pour voir ? " Je m'approchais, le poing serré. Mais l'insolent ne flanchait pas. " Après la rouquine et l'aveugle, faut que tu tapes dans les mioches ? Tu es insatiable ma parole. " C'en était trop. Je l'ai choppé par le col et l'emmène avec violence jusqu'au mur le plus proche. Sa tête frappe le mur et ma poigne l'étouffe un peu. Mais il n'a toujours pas perdu son sourire de me*de. Je m'adressai alors à Mia. D'abord dans un murmure de fureur. " Mia, sors s'il te plaît. " Puis voyant qu'elle ne réagissait pas assez vite à mon goût, je me répétais d'une voix bien plus forte. " SORS ! " Si personne ne m'arrêtait, j'allais vraiment lui refaire le portrait à cet abru*i ! Je déteste son venin et il mériterait bien de cracher quelques unes de ses jolies petites dents blanches qu'il ne cessait de me montrer dans son sourire incrusté dans sa tronche de cake.

Elle ne mit pas longtemps à se rendre compte que le gars qui se lavait les mains n'était pas le bon, elle s'écarta vivement de lui, totalement troublée. Elle aurait aimé s'enfuir en courant, mais il lui restait cette maudite trace.

- Ben alors tu ramènes des clandestins dans les toilettes maintenant ?

Clandestins !? Mia n'était pas une clandestine non plus ! Oui elle était une intruse dans ce lieu exclusivement réserver au genre masculin, mais pas une clandestine ! Elle lui lança un regarde noir, s’efforçant d'oublier le lieu insolite dans lequel ils se trouvaient.  

- Mia n'est pas une clandestine, c'est une élève de seconde fraîchement débarqué.

En tout cas, elle était ravie, ce n'était pas la première fois que Vadim prenait sa défense, du moins expliquait la situation à la place de la petite. Celui ci prit d’ailleurs un petit morceau de papier essuie-tout et alla l'humidifier avant de se pencher vers la gamine.

- T'es sérieux mec ?

Quoi ? Il ne le croyais pas ? Pff ! La confiance règne ! C'est alors que Vadim se mit à frotter la joue de la petite.

- Dis si je te fais mal. Lui murmura-t-il.

Elle secoua doucement la tête pour dire que non, il ne lui faisait pas mal sans pour autant le gêner dans ce "nettoyage". Quand ce fut terminé il se redressa et fit face à l'autre gars qui semblait si incrédule.

- Si tu ne me crois pas, mène ton enquête.

Vadim s'éloigna et laissa le papier taché de rouge à lèvre tomber dans la poubelle. La petite passa sa main sur sa joue toute propre, enfin, une bonne chose de faite ! Le trajet qu'elle avait imaginé court et sans problèmes se révélait bien plus compliqué que ça, pour une arrivé mouvementée, s'en était une !

- Bon allez je te crois. On se voit ce soir.  

Tien ? Mia aurait pourtant dit que Vadim n'avait pas l'air de le connaitre, son regard passa de l'asiatique au Vicomte, ils se voyaient le soir ? Elle préféra chassé les pensés obscures qui comptaient s’introduire dans son esprit, ils pouvaient être camarades d'études un truc du genre ! Pas besoin de voir les choses en exagérés !
Vadim lui répondit de manière simple, et alors qu'il s'apprétait à quitter les toilettes -ce que la jeune fille espérait faire très rapidement- il se tourna vers elle en lui lançant un sourire.

- Tu reviens te coller à ma jambe quand tu veux, jeune fille.

Elle écarquilla un peu les yeux, traduisant sa surprise avec ses joues qui prenaient une teinte très légèrement rosé, c'était déjà une honte de l'avoir fait une fois. Vadim claqua de nouveau sa main contre son front.

- Toi j'te retiens.

L'inconnu lui lançant un grand sourire de provocation avant de sortir. Drôle de type celui là... mais ils avaient l'air amis, alors peut être n'était il pas méchant ?
Elle se tourna vers Vadim qui essuya rapidement ses mains contre son jean avant de lui aussi se tourner vers elle.

- Allez, cette fois on va pouvoir trouver ta chambre et tu seras officiellement une pensionnaire de Nobilia.

En voyant son sourire elle ne put s'empêcher d'y répondre, enfin ! Fini les détours qui les mettent dans des situations embarrassantes !  

- Alors Milo, on fait dans la pédophilie maintenant ?

Milo ? Elle mit du temps à se rappeler le nom de famille de Vadim qui commençait effectivement par Milo, puis elle lança un regard choqué au gars qui venait de parler, il est débile ou quoi ? Comment pouvait il se permettre de juger ! N'ayant pas un sang chaud, Mia ne fut pas vraiment énervé, plutôt outrée. En plus, elle était toujours autant déstabilisée d'être dans ce lieu, elle n'était pas à sa place.

- Répète un peu pour voir ?

Ah, Vadim ne semblait pas dans le même état d'esprit qu'elle, aussi il avait des raisons en plus d'être en colère. Elle le regarda avancer vers l'autre gars, se demandant ce qu'il allait faire.

- Après la rouquine et l'aveugle, faut que tu tapes dans les mioches ? Tu es insatiable ma parole.

Avant même qu'elle ait pue penser quelque chose elle vit Vadim saisir le mec par le colle et le cogner violemment contre le mur. Elle resta un instant muette face à cette scène d'une violence inouïe.
Vadim murmura quelque chose, mais elle n'a pas saisit quoi, du quoi elle resta sans bouger comme pétrifiée.

- SORS ! S'écria-t-il.

Elle revint tout de suite à elle dans un sursaut. Non mais ! C'est pas parce qu'il était un Vicomte qu'elle allait accepté de se faire parler ainsi ! Et puis elle commençait à l'apprécier, si il cassait la figure à cette enflure ça allait mal se passer pour lui aussi.
Deux choix s'offrait à elle, soit elle recommencer à jouer la petite fille faible et gentille et s'en allait vite fait bien fait, comme une véritable égoïste... soit elle consentait à dévoiler un peu de sa vraie elle, et à intervenir.
Ce dilemme fut vite réglé. Pour une fois qu'elle allait se servir de ses cours d'auto-défense en vrai ! Avec une certaine excitation elle se glissa agilement entre les deux hommes, elle fit chuter l'insolant au sol, celui ci certainement surpris s'écrasa lourdement. Elle lui adressa un sourire un peu sadique.

- Ne juge pas les autres trop vite et rappel toi que tu viens de te faire mettre au sol par une gamine...

Ne tenant pas à rester là trop longtemps, en plus elle risquait de s'en prendre pleins la figure, elle glissa sa main dans celle de Vadim et le saisit avant de partir en courant. La porte se referma derrière eux dans un claquement sinistre. Elle eut un peu peur sur le coup, se demandant si Vadim allait s'offusquer de voir quand fait elle n'était pas réellement une petite fille démunie et faible, elle l'aimait bien même si elle n'accepterait jamais de l'avouer. Puis, fatiguée de sa course trop longue elle s'arrêta au milieu d'un couloir inconnu.

- Il... faut pas... se battre... Dit-elle difficilement entre deux respiration.

Bon, elle disait ça après avoir profiter de la surprise et de sa petite taille pour mettre un gras à terre.
Le point positif dans tout ça c'est qu'ils avaient quittés les toilettes, d'ailleurs, il y avait quelque chose qui clochait là...

- Ma valise ! S'exclama-t-elle soudainement.

Dans le moment, ils étaient passés devant en courant, mais elle l'avait totalement oublié ! Pourtant, elle n'avait aucune envie d'aller la chercher...

Je ne compris pas ce qui venait de se passer. Pas du tout. Je le tenais d'une poigne ferme, j'allais lui démonter la tête. Jusque là je suivais. J'avais aussi demander à Mia de sortir. J'ai retenu mon poing, en attendant d'entendre la porte claqué, signe qu'on serait seul lui et que je pourrais taper. Mais rien ne se passa comme prévu. Quelqu'un vint nous séparer. Mais comment ? En une fraction de seconde, je me retrouvais contre le mur et le mec parterre. Qui a pu faire ça ? C'est une voix qui me fit réagir alors que ma vue était brouillée. " Ne juge pas les autres trop vite et rappel toi que tu viens de te faire mettre au sol par une gamine... " Mon esprit réussit à faire le rapprochement avant moi. Gamine... Mia ? C'est elle qui ... Elle s'empara de ma main et c'est elle qui me traîna vers la sortie avant que cette enflure ne se relève. J'avais envie de faire demi-tour. Envie de lui faire avaler ses dents. Mais j'étais trop troublé et surpris parce qui venait d'arriver que je me laissais traîner aveuglément par Mia en attendant que j'assimile vraiment ce qui venait de se dérouler.

Au hasard des couloirs, elle continuait de courir et moi de marcher vite pour la suivre. Quand enfin elle ralentit un peu et essaya de me parler. " Il... faut pas... se battre... " Haletante, je la laissais souffler avant de la prendre pas les épaules, toujours choqué par ce que je venais de voir. " Mais j'allais lui faire la peau ! Pour est-ce que... Comment ? Qu'est-ce qui ... raaah ! " Impossible de dire quelque chose de cohérant. Je me posais contre le mur le plus proche, dépité. Posant mon poing serré contre mon front. Lorsqu'un autre éclat de voix me fit revenir à la réalité. " Ma valise ! " Machinalement j'ouvrais ma main gauche, dans laquelle j'avais tenu le plus souvent l'objet en question. Je me tournais vers elle et pouvais voir qu'elle avait déjà du mal à se remettre de cette course folle et qu'elle n'avait pas franchement envie de la refaire en sens inverse. Toujours adossé à mon mur, je toussais légèrement. " L'ennui c'est que si on y retourne maintenant, le mec risque de toujours être là. " Mes yeux brillaient soudainement, empli d'une nouvelle aura meurtrière. Je me redressais et serrais le poing. " Il m'a traité de pervers et en plus m'a provoqué en m'appelant par ce surnom maudit... " Je me tournais vers Mia en essayant de me maîtriser un peu. " Je ne sais pas pourquoi tu nous a séparé. Mais je vais essayer de me retenir si jamais il est encore là. Peut-être auras-tu réussi à le calmer ? " Mais au fond de moi, j'étais certain qu'il chercherait à se venger, vu l'énergumène contre lequel nous étions tombé. Je commençais à marcher, mettant mes mains dans mes poches, de nouveau calme pour retrouver les toilettes.

" Alors tu viens ? Avec tes talents de défense cachés, tu ne devrais pas avoir peur d'y retourner. " Je m'étais de nouveau tourner vers elle, attendant sa réponse. Je ne voulais pas la brusquer en lui prenant la main comme à chaque fois. J'avais changé d'avis sur elle. Si elle était bien assez grande pour se défendre, elle se serrait aussi pour me répondre en tout connaissance de cause. C'était tout de même sa valise, à elle de décider si l'affaire était importante ou non.

Elle le vit ouvrir la main, puis se tourner vers elle. Oui, il ne l'avait plus en main là. Les mains sur les genoux la petite s'efforcer à reprendre son souffle, si en plus elle commençait à stresser pour sa valise elle n'allait pas s'en sortir. Elle ne le lâchait pourtant pas des yeux, cherchant à savoir s'il était en colère ou un truc du genre. Mais à la place de montrer sa fureur ou sa gratitude, il s'adossa au mur et toussa.

- L'ennui c'est que si on y retourne maintenant, le mec risque de toujours être là.

Celui là ! Elle n'avait aucune envie de le revoir, mais avec cette aura meurtrière qui entourait Vadim elle se rendit bien compte que lui aurait bien aimé y retourner, juste pour lui casser la figure. En se redressant il serra les poings, si ce pauvre gars n'était pas resté aux toilettes et qu'il avait fait l'erreur de les suivre il l'aurait certainement payer avec quelques dents... et des ecchymoses.

- Il m'a traité de pervers et en plus m'a provoqué en m'appelant par ce surnom maudit...

Il se tourna alors vers elle, il semblait faire des efforts pour paraître moins... dangereux que ce qu'il ne l'était à ce moment précis. Il donnait l'impression d'être un feu qui fait de son mieux pour se refroidir, or c'est une chose totalement impossible, un feu préfère brûler sans retenu.

- Je ne sais pas pourquoi tu nous a séparé. Mais je vais essayer de me retenir si jamais il est encore là. Peut-être auras-tu réussi à le calmer ?

Elle haussa les épaules. Elle connaissait pas se mec, mais au moins là où il était il pouvait rien faire, ridiculiser dans les toilettes et loin du couloir qu'ils avaient emprunter. Mais il rester le problème de la valise. Oh la la ! Trop de complications ! si seulement elle avait saisie sa valise au passage ! Mauvaise idée en faite, elle aurait été d'une lenteur plutôt atroce à devoir tirer ce bagage. Il fourra ses mains dans ses poches et commença à s'éloigner avant de se retourner une nouvelle fois vers elle.

- Alors tu viens ? Avec tes talents de défense cachés, tu ne devrais pas avoir peur d'y retourner.

Ouais enfin c'était que de l'auto défense, genre un truc qui servait à fuir sans danger, pas à se battre ! En plus le gars qui attendait peut être près du bagage était franchement louche !
Ayant retrouvée une respiration stable elle se mit à faire les cent pas, plongé dans ses réflexions. Il fallait bien peser le pour et le contre non ?

- Eh bien eh bien... j'ai plein d'autres valises, à l'administration ils ont dit qu'ils me les emmèneraient avant ce soir, je peux donc tenir un certains sans celle ci. En plus il n'y a que des vêtements dedans, je ne risque pas de perdre grand chose, et je suis la seule qui détient la clé du petit cadenas... La personne qui trouvera ma valise va certainement l’amener à la vie scolaire je pense.

Elle fit une pause et le dévisagea, elle était en train de se montrer posée et réfléchie, comment le prenait il ? Bah, tant pis.

- Ce qu'il y a dans cette valise... des pulls, des jupes et...

Ses joues devinrent rouge et elle reprit sans le vouloir une expression mélangée entre la surprise et le le gêne. Ses sous-vêtements se trouvaient aussi dans ce bagage. Ok y'avait certainement rien de très intéressant, mais il s'agissait quand même de son intimité ! Et si un pervers trouvait la valise et décidé de casser le cadenas pour voir ce qu'il y avait dedans ? Oui il aurait du mal mais... Rien que d'y penser elle frissonna. Elle ne pouvait pas laisser ses affaires aussi peu en sécurité.
Elle se rapprocha de son ex-porteur de valise, saisit le bout de sa manche et le regarda, les joues toujours un peu rouges avec une expression un peu suppliante, ses grand yeux de petites filles fixaient dans les siens.

- J'aimerais bien y retourner mais... je ne veux pas que tu te battes contre lui, tu sais il te manipule, il te provoque pour ça, il faut pas que tu réagisses comme il le souhaite... ce n'est pas bien...

C'était étrange pour elle de lui faire cette remarque, elle ne se sentait pas vraiment à son aise en faisant ça. Ce qui était amusant, c'est qu'elle ne lui avait pas dévoilé tout son résonnement, elle ne lui avait donné que la partie "les raisons de ne pas y aller" était ce par pudeur ? Certainement.

- Si tu penses que tu arriveras à ne pas le frapper si on le revoit, on va chercher ma valise, si non.... Elle eut un peu de mal à terminer sa phrase, l'image d'un pervers qui avait accès à ses sous vêtements la répugnait très franchement. On peut aussi l’abandonner...

Comment pouvait elle faire passer cette homme qu'elle venait tout juste de rencontrer avant la sécurité de ses vêtements ? Elle n'en revenait pas non plus ! C'était de loin la première fois que ça arrivait, outre le fait que ait aussi été le seul à connaitre sa véritable personnalité, elle n'avait jamais été tendre avec lui au contraire, alors qu'avec Vadim elle se dévoilait petit à petit tout en restant une gentille fille ? Quel était ce maléfice qui la foudroyé ! Allait elle réellement se montrer aimable envers quelqu'un ? C'était bien inimaginable !
Pourtant elle ne voulait pas qu'il puisse avoir des ennuis avec l'établissement, ce serait sa faute, si elle n'avait pas été là pour l’embêter il ne serait jamais passé par ces maudites toilettes, enfin c'est une chose qu'elle n'assumerait jamais à haute voix ça.

La réponse de Mia semblait un peu partagé. " Eh bien eh bien... j'ai plein d'autres valises, à l'administration ils ont dit qu'ils me les emmèneraient avant ce soir, je peux donc tenir un certains sans celle-ci. En plus il n'y a que des vêtements dedans, je ne risque pas de perdre grand chose, et je suis la seule qui détient la clé du petit cadenas... La personne qui trouvera ma valise va certainement l’amener à la vie scolaire, je pense. " Je croisais les bras en écoutant son petit discours. Elle avait cadenassé sa valise ? Mais s'il n'y avait que des vêtements : il était où le risque que ça intéresse qui que ce soit ? Elle continuait de me fixer durant un court instant. " Il y a quoi exactement ? " Je soutenais son regard, essayant de comprendre où elle voulait en venir. " Ce qu'il y a dans cette valise... des pulls, des jupes et... " Là voilà qui s'interrompt de nouveau pour se mettre à rougir. A quoi avait-elle bien pu penser ? Un autre secret ? Quelque chose d'embrassant ? Ma grande curiosité était encore une fois en train de reprendre le dessus. Quoi qu'il y avait dedans, elle avait soudainement l'air confuse à l'idée de l'avoir perdu apparemment. Tout ça ceci était très louche.

En me fixant de nouveau, elle plongea ses grands yeux dans les miens comme pour me faire une nouvelle demande. " J'aimerais bien y retourner mais... je ne veux pas que tu te battes contre lui, tu sais il te manipule, il te provoque pour ça, il faut pas que tu réagisses comme il le souhaite... ce n'est pas bien... " Je décroisais alors les bras, frappant du pied, sentant la colère montée de nouveau. " Je le sais parfaitement ça. Je ne suis pas idiot. C'est juste que c'est le seul moyen efficace que je connaisse pour remédier à ce genre de problème... " Alors que je ne la regardais plus, essayant de contenir une fois de plus la haine qui m'animait pour ce type qui m'avait provoqué et à qui je n'avais pas pu lui faire cracher ses dents pour le remettre à sa place, Mia ne démordait pas de son idée. " Si tu penses que tu arriveras à ne pas le frapper si on le revoit, on va chercher ma valise, si non.... " Sa petite voix et ses grands yeux sont deux vrais armes contre lesquelles j'ai du mal à garder ma totale lucidité. A travers ces expressions et ses supplications innocentes je revois Irina, fière manipulatrice qui n'avait aucun scrupule à m'utiliser pour que nous faissions toujours ce qu'elle avait décidé. C'était troublant de pouvoir autant rapproché Mia d'Irina. " On peut aussi l’abandonner... " Cette dernière phrase sonnait comme une proposition pleine de regret, autre option qu'il fallait éviter de choisir vu le ton qu'elle employait en me l'annonçant.

Ne comprenant vraiment pas pourquoi elle pensait qu'il fallait éviter de se battre, je fis quelques pas pour me rapprocher d'elle et posait mes mains sur ses épaules. " Ne me demande pas l'impossible. Ce n'est pas une jeune fille que j'ai rencontré aujourd'hui qui m'empêchera de me battre. Si c'est lui qui a piqué ta valise, je n'aurais pas le choix. Quoi que tu veuilles me faire croire, on ne peut pas se résigner à la perte de ses effets personnels. " Je suis Vicomte après tout, j'aime parler comme tel de temps à autre. Sans lui laisser le choix, je me relevais et commençais à marcher vers les toilettes, espérant que la valise y serait toujours. Seulement en revenant sur nos pas, une mauvaise surprise nous attendait. Elle n'était plus là. C'était assez fâcheux. Sans dire un mot, j'ouvrais la porte des toilettes des garçons avec le pied, sans ménagement. Il n'y avait plus personne et aucune trace de la valise. " Il n'est plus là. Il a du sentir qu'il ne fallait mieux pas qu'il reste dans les parages. " Je me tournais vers Mia pour la tâche délicate d'aller vérifier les toilettes des filles, gardant un mauvais souvenir de ma dernière intrusion. " Je t'en prie. Peut-être que des filles l'ont emmené avec elles dans les toilettes ? Je vais faire un petit tour dans les parages pour voir si elle n'a pas été vu. Après tout, nous ne nous sommes pas éloigné très longtemps. " Décidément, la malchance nous poursuivait. J'espérais vraiment qu'elle n'était pas partie bien loin, où que quelqu'un avait pensé à la ramener à la vie scolaire. Une valise cadenassée ne devrait pas intéresser grand monde ? Mia m'a assuré qu'il n'y avait que des vêtements, mais la raison pour laquelle elle serait fermé à clé m'intrigue. Peut-être que d'autres ont pensé comme moi et sont en train de forcer la serrure pour voir ce qu'elle contient...

Il se rapprocha d'elle et posa ses grandes mains sur les petites épaules de la fillette.

- Ne me demande pas l'impossible. Ce n'est pas une jeune fille que j'ai rencontré aujourd'hui qui m'empêchera de me battre. Si c'est lui qui a piqué ta valise, je n'aurais pas le choix. Quoi que tu veuilles me faire croire, on ne peut pas se résigner à la perte de ses effets personnels.

Oui enfin si le gars avait piqué sa valise c'était une autre histoire, enfin le dénoncer serait plus judicieux... m'enfin, Vadim n'avait pas tord dans un sens, la perte des effets personnels peut être vraiment une épreuve horrible, sauf que dans le cas de la petite Mia, il lui suffisait d'appeler son père et lui ordonner d'acheter de nouveaux trucs et elle les recevrait dans un délais de quoi ? 48 heurs maximum ? Elle était pourrie gâté la petite !
Elle avait remarquer un petit détail, il ne avait dit "jeune fille" et non "gamine", était ce bien ou mal ? S'il ne la considérait plus comme une gamine elle perdait un gros avantage...
Bref, sans attendre une seconde de plus il se redressa et commença à s'éloigner. Elle due presser le pas pour le rattraper et se caler sur le sien.
Malheureusement ils purent s’apercevoir qu'elle n'était plus là, la valise. Non mais c'est quoi s'te chance en bois là ? De nouveau des images dégoûtantes d'un gros pervers en train de s'amuser avec ses affaires passa devant ses yeux et elle pâlie, les larmes aux yeux. Ce n'était pas possible. Reprenant son calme elle prit une grande inspiration tandis que Vadim ouvrait la porte des toilettes masculines d'un grand coup de pied.
Avec le cadenas, ceux qui l'avaient trouvés allaient surement mettre un certain temps à l'ouvrir, c'est essentiel de mettre des cadenas, sans ça où se trouve la sécurité ? Elle était bel et bien la seule en mesure d'ouvrir sa valise sans problème.
Et puis peut être ceux qui avaient trouvés le bagage seraient ils de bons samaritains et allaient la ramener à l'intendance ? Là-bas ils comprendraient que ce bagage est celui de la nouvelle et ce serait un happy end ! Enfin, depuis sa rencontre avec Vadim les happy end étaient de très courte duré ou presque inexistant...

- Il n'est plus là. Il a du sentir qu'il ne fallait mieux pas qu'il reste dans les parages.

Elle le dévisagea un instant, la sortir ainsi de ses pensés était un peu frustrant et elle mit certain temps avant de comprendre qu'il parlait de l'autre gars qui était vraiment louche et qu'elle avait fait tomber un peu plus tôt...

- Je t'en prie. Peut-être que des filles l'ont emmené avec elles dans les toilettes ? Je vais faire un petit tour dans les parages pour voir si elle n'a pas été vu. Après tout, nous ne nous sommes pas éloigné très longtemps.

Combien y avait il de chance que cela ce produise ? 10% tout au plus. Totalement frustrée, elle poussa la porte des toilettes féminines, laissant son ex-porteur de valis attendre dans le couloir.
Un cri aiguë l'avertie qu'elle n'était pas seule, elle eut juste le temps d’apercevoir la groupie de Vadim qui s'était évanouie plus tôt en train de s'asperger le visage d'eau, après ça ce fut le noir totalement et l'impression d'être étouffer entre deux bras.

- C'est la petite qui était avec Vadim !! S'exclama d'un ton mielleux celle qui était en train de l'écraser.

- Dépêche toi alors ! Il ne faut pas... Elle continua en chuchotant et Mia ne put l'entendre.

Elle essaya de se dégager mais c'était bien trop dur, alors elle essaya de voir autours d'elle pour analyser la situation. Elle ne put retenir ce petit cri de surprise en apercevant sa valise près d'une fille qui tentait d'ouvrir le cadenas avec une pince à épiler et une broche...
Elle s'agita un peu et parvint à dégager sa bouche.

- Vadim ! S'écria-t-elle pour l'appeler au secours, priant pour que sa petite voix soit parvenu à atteindre le grand dadais.

Combien y avait il eut de chance pour que ce soit exactement ces filles qui trouvent la valise abandonnée et la reconnaisse ? Les probabilités étaient si minces que ça devait presque surréaliste ! Son premier jour était littéralement catastrophique. Si un lapin géant arrivait, la prenait pour une carotte et la gobait elle n'en serait même pas surprise.

J'allais commencer mon exploration du rez-de-chaussé de l'internat, à la recherche d'éventuellement quelqu'un qui aurait pu voir la valise de Mia, lorsque j'entendis des cris bien trop familier à mon goût, ainsi qu'un franc appel au secours de ma nouvelle protégée. " Vadim ! " Ah non. Cette fois, elles ne vont pas recommencer. Je ne les laisserais pas faire. Aussi rapide que l'éclair j'apparus alors dans les toilettes des filles, dépassant totalement mes à priori débiles et me fichant de ce que pourraient bien penser ce qui me verront débarquer. Je ne pouvais pas laisser Mia dans une situation aussi inconfortable. Quand je poussais la porte, le gamine était déjà étouffé entre les bras de mes groupies, qui levèrent la tête dans un bel unisson en voyant que je venais de violer leur sanctuaire. " Lâchez-là. Tout de suite. " Moi qui était encore en colère, j'étais assez surpris de réussir à garder mon calme devant ses filles insupportables. Quand je tournais la tête et que je vis la valise que l'on cherchait, un étrange sentiment de soulagement et d'exaspération m'envahit alors. " Mais non elle est trop mignonne ! " " Ce n'est pas une raison pour l'étouffer ! "

Lorsque je me tournais vers celle qui s'était évanouie un peu plus tôt, mon regard froid changea pour dévoiler ma colère. " Et je peux savoir ce que vous fabriquez avec SA valise ? " Etant au centre de l'attention, mon changement d'humour jeta un froid et dans le silence le plus total, Mia put revenir vers moi, libre de ses mouvements. Rassuré d'avoir pu la libérer, je ne cessais de fixer celle qui était en train de commettre un délit, pour le moins inattendu et qui avait ranimé ma colère. " Mais je ... je ne savais pas que ... c'était sa... " " Tu te FOUS de moi là ! Je l'avais dans les mains y'a pas DIX pu*ains de MINUTES ! " Elle lâcha alors ce qu'elle tenait et qui lui servait à forcer la serrure pour s'éloigner de la valise, choquée et tremblante. " Vadim... ne t'énerve pas... " Ce genre de phrase n'allait vraiment pas m'aider à me calmer. Mais vraiment pas du tout. " Je m'énerve parce que vous êtes constamment en train de vous foutre de moi. " J'avais retrouvé un calme froid qui n'aidait vraiment pas à réchauffer l'atmosphère ambiante.

Je m'avançais alors pour reprendre la valise et j'étais content de la voir se reculer. Un sourire glacé s'était dessiné sur mon visage. Je n'avais plus du tout l'impression d'être moi-même. A la moindre réplique, j'attaquerais comme une bête furieuse, parce que cette accumulation d'évènements malheureux avait bien fini par me foutre les nerfs en pelote. Aucunes n'avaient osé parlé jusqu'à ce que je revienne vers Mia. La valise dans une main, de l'autre je pris la sienne. Et nous commençons à marcher, avant que je m'arrête et déclame un dernière avertissement. " La prochaine qui osera porter la main sur Mia, aura à faire à moi. " Je ne regardais même pas l'intéressée, plongé dans ma colère, j'allais mettre du temps avant de retrouver mon calme et peut-être mon sourire. Il fallait que je retrouve Lana. Au plus vite. Je déteste quand je suis comme ça et je n'aimerais pas que ça dégénère encore une fois. Alors que nous franchissions la porte des toilettes en laissant derrière nous cette drôle d'ambiance macabre, je n'étais plus décidé ni à parler, ni à sourire. Simplement, je lâchais la main de Mia et je m'élançais vers les escaliers les plus proches pour commencer à y hisser la valise. Avec un ton un peu morne, je lui demandais simplement : " Quel numéro ta chambre déjà ? " C'est comme si je ne la voyais plus. Au moindre contact, je pourrais mordre de nouveau. Ça n'allait vraiment, vraiment plus du tout.

Elle entendit la porte s'ouvrir à la volé, quelqu'un venait d'entrer en trombe ! Il y eut un court silence brisé par une voix d'homme qu'elle reconnut avec soulagement.

- Lâchez-là. Tout de suite.

Sa voix était froid, menaçante, effrayante. Pourtant la fille n'était pas résignée à la lâcher, Mia essaya de se débarrasser d'elle mais étouffé de la sorte ce n'était pas possible.

- Mais non elle est trop mignonne ! Gémit la fille qui l'écrasait entre ses bras.

- Ce n'est pas une raison pour l'étouffer !

Alors là la gamine était tout à fait d'accord avec lui, elle était petite et avait l'air d'une enfant de sept voir huit ans, mais y'avait pas de quoi l'écraser dans ses bras.

- Et je peux savoir ce que vous fabriquez avec SA valise ?

Cette fois sa colère se fit bien plus présente, et c'est alors que la prise de la femme sur la petite fut plus faible, assez pour qu'elle se faufile et se libère. Sans en attendre une plus grande occasion elle se débarrassa des bras qui l'emprisonnaient et se précipita vers son sauveur. Il n'y avait plus un seul bruit, les filles dévisageaient toutes Vadim avec des yeux ronds comme de grosses billes. Mia le regarda un instant avant de s’apercevoir qu'il fixait l'une d'entre elles. Son regard était tel que même la petite qui ne se laissait pas facilement intimidé se serait sentie très mal.

- Mais je ... je ne savais pas que ... c'était sa...

Elle lui faisait un peu pitié sur le coup, et visiblement Vadim n'était pas dupe non plus.

- Tu te FOUS de moi là ! Je l'avais dans les mains y'a pas DIX pu*ains de MINUTES !

Alors que Mia faisait un bon surplace, surprise de la réaction du jeune homme, la fille en face de lui lâcha la valise, totalement pétrifiait, on aurait dit qu'elle venait de voir un fantôme ou un truc du genre.

- Vadim... ne t'énerve pas...

- Je m'énerve parce que vous êtes constamment en train de vous foutre de moi.

Il avait beau parler plus posément, il n'en restait pas moins effrayant. Et vu le visage décomposés des filles qui leurs faisaient face, Mia n'était certainement pas la seule à penser ça !
La petite resta sur place quand Vadim s'avança, en revanche la pimbêche qui avait tenté d'ouvrir le cadenas un peu plus tôt fit autant de pas en arrière qu'il en faisait en avant. Elle semblait terrifiée, pourtant Mia pouvait parfaitement voir cette petite flamme d'admiration qui brillait dans ses yeux, énormément dissimulée par la terreur. Pauvre Vadim, même après les avoir terrorisées à ce point il n'en avait pas fini avec elle. Il récupéra la valise et revint vers la gamine, personne n'avait osé pondre un seul mot, même elle qui était habituellement si effronté n'osait pas ouvrir la bouche tellement il en imposait. Elle avait déjà énormément d'estime pour lui depuis le début, mais alors là c'était le comble, elle l'admirait carrément ! Il prit la main de la petite, ayant la valise dans l'autre et se mit à marcher, elle se laissa entraîner derrière lui sans le lâcher des yeux. Il était tout simplement impressionnant.

- La prochaine qui osera porter la main sur Mia, aura à faire à moi. Annonça-t-il avant de quitter les toilettes.

Elle était touchée par cette menace, évidemment l’idolâtrie qu'avaient ces filles pour lui allait continuait, être un peu plus discrètement, mais elles allaient certainement laissait la petite tranquille et ça s'était grâce à lui.
Il lâcha tout de suite la mains de Mia quand les firent ne pouvaient plus les voir. Elle ne réagit pas et se contenta de le suivre. Ils ne disaient plus un mot et l'ambiance autours d'eux était devenue bien macabre.
Ils finirent par atteindre des escaliers, là Vadim commença à hisser la valise sans un regard pour la petite qui suivait de son mieux.

- Quel numéro ta chambre déjà ?

Son ton distant se révéla un peu irritant pour la petite qui se demandait ce qu'elle avait fait de mal, pourtant elle savait qu'il était juste hors de lui à cause des récents événements. Bien qu'habituellement elle ne se laisse pas intimidé si facilement, là c'était bien différent, ce n'était pas un inconnu malveillant, c'était celui qui l'avait aidé depuis le début, alors oui, elle trouvait ça un peu effrayant qu'il puisse lui parler ainsi.

- La chambre numéro 07... Lui dit elle de sa petite voix.

Elle ressentit le besoin de le réconforter, c'était certainement une énorme erreur, parce qu'il semblait au bord de l'explosion -s'il n'avait pas déjà explosé- mais elle le dépassa, et se plaça sur une marche plus haute que lui, gagnant ainsi quelques centimètres. Elle se mit sur la pointe des pieds et le prit dans ses bras, l'enlaçant par la taille. Elle ferma les yeux, prête à ressentir toute sa fureur se déverser sur elle.

- Vadim s'il te plaît... calme toi...

Ce qui était un choc aussi pour elle c'était de remarqué qu'elle était devenue si spontanée avec lui, elle ne réfléchissait plus avant d'agir et il avait mit moins d'une journée à la faire changer ainsi.
En temps normal si son porteur de valise s'était montré énervé, même dans le but d'être adorable elle ne l'aurait jamais enlacé, et si elle n'avait aucun service à lui demander elle n'aurait même pas chercher à le calmer. Peut être qu'elle s'était attaché à Vadim parce qu'il était son compagnon de mésaventure ? En tout cas elle ne voulait pas qu'il soit en colère, ça la tuerait certainement de le dire mais elle ressentait une forte empathie envers lui.

J'étais vraiment hors de moi. Je crois que depuis que je suis à Nobilia, ça ne m'était jamais arrivé à ce degrés-là. D'ordinaire, il n'y avait que mon père ou les insultes de mon petit-frère qui réussissait à me mettre dans un état pareil. Au moins, on a récupéré sa foutue valise. Encore quelques pas et cette mauvaise après-midi ne serait plus qu'un mauvais souvenir. J'aurais tellement aimé croiser l'autre enf*iré de tout à l'heure pour me passer les nerfs. Quand je suis dans un tel état, il n'y a que le sport qui me calme. J'irais courir après. Même s'il fait froid, ce n'est pas ça qui va m'arrêter. J'en oublié presque la présence de Mia, si petite, si insignifiante à mes côtés. Le ton qu'elle prit pour me répondre était vraiment pathétique. " La chambre numéro 07... " C'est de l'autre côté ça. Bon on verra en haut de l'escalier. En continuant de monter les marches, je baissais les yeux, concentré sur la valise que je devais transporter. Je cherchais ce qui pouvait me mettre dans cet état. C'est parce que ce sont des filles ? Cierra. Toujours elle. Plus de deux semaines déjà que je n'avais pas pu lui parler et que je la revoyais rester de marbre face à mes supplications. Je respirais difficilement, tremblant de rage en revoyant son visage fermé qui ne voulait plus jamais me croiser. Je frappais mon poing libre sur le mur le plus proche. " Pu*ain ! " D'un point de vue extérieur, ce devrait être étrange. Je ne savais plus comment faire pour retrouver mon calme. Je me sentais si mal.

C'est alors que la petite me doubla, passa devant moi et se hissa à ma hauteur pour me bloquer le passage. Qu'est-ce qu'elle fait ? Soudainement alors, dans un flash étrange, ses cheveux bruns prirent une teinte blonde comme les miens et la fille qui m'enlaçait si fermement par la taille n'était plus Mia, mais bien Irina, ma si précieuse petite-sœur. " Vadim s'il te plaît... calme toi... " C'était aussi la voix d'Irina. Choqué par ce geste, je vis toute ma colère disparaître d'un coup. Jamais je ne pourrais faire de mal à Irina. Pas à mon rayon de soleil. Pas à celle qui avait réussi à éclairer ma vie par son simple sourire alors que je pensais m'enfuir pour ne plus jamais les revoir. La haine qui m'envahissait s'évacua d'une manière bien étrange. Ignorant les égratignures que le mur avait fait sur ma main quand je l'avais frappé, je séchais bien vite les larmes qui me secouaient. D'ordinaire, j'aurais haïe la faiblesse que je montrais à cette fille que je ne connaissais qu'à peine. Mais à cette instant, c'est Irina qui me prenait dans ses bras et comme elle me connaissait, elle avait l'habitude de me voir dans cet état. " Pardon. Je ne voulais pas que tu me vois comme ça. " Le chagrin me nouant la gorge, je serrais les dents, ne pouvant rien ajouter de plus. En lâchant la valise, bien installé sur une marche, je me baissais pour la serrer à mon tour contre moi. Embrassant le sommet de sa tête, je laissais encore quelques larmes coulés avant qu'enfin, je puisse respirer normalement. J'embrassais ses cheveux que je voyais blonds, passant une main sur la joue de celle qui était si précieuse pour moi.  " Merci Irina. " C'était peut-être la parole de trop. Parce que c'est à ce moment-là que j'ouvris de nouveau les yeux, pour bien me rendre compte qu'Irina n'a jamais pu être là, puisqu'elle était resté avec notre mère en Russie.

La surprise qui m'envahit alors était sans borne. Je me reculais instantanément, les yeux ronds, le souffle court. Seulement comme nous étions dans les escaliers, je faillis bien perdre l'équilibre. Je me rattrapais de justesse à la rampe, me redressant bien vite. " Mi... mi... mi... Mia ?! " Je me sentis soudain tellement mal, que je n'avais qu'une envie : disparaître. C'est d'ailleurs ce que je fis de la manière la plus lâche possible. J'avais tellement honte. C'était légitime non ? J'étais sur le point... de l'embrasser en plus : comme à chaque fois que me réconforter Irina, notre mère nous embrassait sur la bouche pour nous consoler alors... Heureusement que j'ai ouvert les yeux avant de commettre l'irréparable ! Je gravis les escaliers le plus vite possible pour me réfugier dans la chambre de Lana. J'en avais marre de toutes ses péripéties, plus personne ne me recroiserait avant un bon moment. Je resterais cacher dans mon troue jusqu'à la fin des temps.

Il y eut un petit moment de suspense, vraiment court, ou rien ne se produit, elle pensait que d'un instant à l'autre il allait exploser et se mettre à lui crier dessus. Mais au lieu de ça, il lui répondit avec une voix nouait.

- Pardon. Je ne voulais pas que tu me vois comme ça.

Bon, jusque là elle était surprise, mais ça allait. Elle ne s'était juste pas attendue à ce qu'il se calme et lui dise un truc dans ce genre là... Mais le pire restait à venir ! Il laissa la valise de la petite sur une marche, se baissa à sa hauteur et la prit dans ses bras... Elle écarquilla les yeux, sans oser bouger, se laissant faire. Elle n'aurait jamais pensé qu'il ferait un truc pareil ! Mais dans un sens ça suivait la logique, enfin peut être ?
Et alors, comme s'il ne l'avait pas encore assez perturbée, voila qu'il déposait un baiser sur le haut de sa tête ! Non mais ! Personne n'avait encore osé faire ça ! Elle écarquilla les yeux, trop surprise pour faire un seul geste. Sur le moment, il lui évoquait un ours en peluche trop câlin, alors que juste avant il ressemblait à un tigre devenu totalement incontrôlable... c'était un changement radical en tout cas.
Elle le fixait, sans comprendre, totalement pétrifiée dans ses bras. C'est alors qu'en lui caressant la joue il ajouta :

- Merci Irina.

Comment ? Irina ? C'était pas vraiment ça son prénom... De plus en plus surprise, elle comprit tout de même son comportement pour le moins étonnant, il l'avait confondu avec quelqu'un d'autre ! Il sembla au moins aussi surpris qu'elle, pourquoi, ça c'était une bonne question, c'était lui qui venait de la chouchouter comme s'ils se connaissaient depuis toujours et qu'elle avait toujours été sa petite protégée ! Il la lâcha pour reculer, avec une expression de surprise ressemblant fortement à celle de la petite. Il manqua de tomber, et c'est là qu'elle revint à peu près à elle, son premier réflexe étant de tendre les mains vers lui pour le rattraper, enfin, il se saisit de la rampe, ce qui était une sage décision, dans le cas où il aurait accepté l'aide de Mia, ils seraient tombés tous les deux en bas des marches, et ça aurait pu faire très mal. Il se redressa rapidement, tandis qu'elle le dévisageait.

- Mi... mi... mi... Mia ?! Bégaya-t-il.

Il sembla resté sous le choc un instant, de sa petite voix habituel elle l'interpella, "Vadim ?" elle avait besoin de comprendre, mais avant même de lui avoir répondu, il gravit les escaliers. Une nouvelle surprise tien ! Elle jeta un coup d'oeil à sa valise, impossible de le rattraper avec un tel boulet, pourtant son deuxième choix n'était pas plus tentant, rester dans les escaliers et attendre que quelqu'un passe et l'aide à monter ce bagage et à s'y retrouver. Bref, sans attendre elle se lança à sa suite, manquant de trébucher plusieurs fois. Elle l'aperçut alors qu'il entrait dans une chambre, par un coup de chance. Elle savait où il était, elle avait une chance sur deux pour qu'il y reste. Soupirante, elle décida d'aller récupérer sa valise, elle l'avait abandonné une fois et les conséquences avaient été néfastes, elle ne commettrait pas la même erreur deux fois ! Elle dévala les escaliers sans problème, mais la monté se révéla bien plus compliquée. Elle tira sur son bagage de toute ses maigres forces, finie sur les fesses plus d'une fois, mais après une bonnes dizaines de minutes elle parvint à atteindre l'étage où se trouvait Vadim, du moins s'il n'était pas parti. Épuisée, elle tira la valise dans le couloir et s'arrêta devant la porte qu'il avait emprunté. Pouvait elle entré comme ça ? C'était peut être sa chambre à lui, ce n'était pas très respectueux. Elle resta donc quelques instants devant la porte, hésitante. A cause d'elle il avait du passer une salle après midi, et là elle comptait lui demander de l'accompagner quand même. Et par rapport à son comportement d'un peu plus tôt... non, la meilleure solution était de faire comme si de rien n'était. Enfin, c'est ce qu'elle croyait.
Aller Mia ! Montre toi plus égoïste ! S'il ne veut pas il n'aura qu'a refuser ! S'encouragea-t-elle mentalement. Ses fausses larmes montèrent aux yeux, elle toqua plusieurs fois et finit par entrer, tirant sa lourde valise. Elle l'aperçut alors et baissa la tête, fixant ses chaussures. Voila qu'elle jouait de nouveau la comédie...

- Va-Vadim... hésita-t-elle, Je... suis toujours aussi perdue... pourrais tu...

Elle hésita, pas qu'elle soit réellement gênée de lui en demander tant, non, mais elle cherchait les mots qu'elle devait utiliser, ne se doutant pas un seul instant qu'elle se trouvait dans la chambre d'une parfaite inconnue.

- Je sais qu'à cause de moi tu as passé de sales moments, mais ça te dérangerais de m'accompagner encore un peu ?

Je ne prends même pas le temps de frapper. Je tombe sur Lana, seule dans sa chambre, en train de jouer du synthétiseur avec son casque sur les oreilles. J'ai bien fait de ne pas frapper alors. " Ah ! Je t'attendais plus toi ! " Elle retira son casque en me tirant la langue, un petit sourire au coin des lèvres. La voir réussissait déjà à me calmer. Mais je pense qu'on pouvait encore lire ma gêne sur mon visage quand je viens m'asseoir à ses côtés, tandis qu'elle rangeait son synthé sous son lit. " Oh toi, ça ne va pas. Il s'est passé quelque chose ? " Sans rien dire, je m'approchais alors pour poser ma tête sur le bout de son épaule, toujours aussi honteux. " Tu ne veux rien me dire ? " Après un petit silence où elle avait pris ma tête dans le creux de son cou pour me faire une vraie accolade, je finis par répondre doucement. " Si. J'aurais du directement te rejoindre. " Elle parut satisfaite d'enfin obtenir une réponse. " Ah je savais bien qu'il était arrivé quelque chose. " Je pense qu'elle ne changera jamais. Toujours souriante et satisfaite de détail qui pour moi n'aurait aucune importance. Mais avoir trouvé la raison de mon silence a suffit à lui rendre le sourire. Je suis tellement heureux de la voir comme ça. Mieux elle va, mieux je me sens aussi. D'ailleurs, dans mon esprit, Mia était déjà bien loin désormais.

" Tu as aidé une nouvelle ?! Tu... tu n'es pas malade au moins ? " Elle posa sa main sur mon front. " Euh... c'est limite vexant comme réaction là... " Lana se reprit tout de suite. " Oui excuse-moi mais... c'est étrange quand même. " Je fis une petite moue boudeuse. Mais je devais admettre qu'elle n'avait pas tord. Ce n'était définitivement pas dans mes habitudes d'agir de la sorte. " Je sais pas... elle me fait penser à Irina. Elle est si petite. " Je relevais alors la tête, surpris par mes propres pensées. " Tu crois que je fais un sister-complex ? Après toi... la nouvelle ... Je suis irrécupérable. " Oui c'était ma période de lamentation, il faut croire. J'aimais bien me faire réconforter en ce moment... Je prenais goût à la compassion que l'on pouvait me porter, ma parole. " Mais non. Tu vas la retrouver bientôt Irina de toute manière. Vendredi soir tu t'envoles pour la Russie il me semble ? " " Ouaip. Je pense que la revoir ne pourra que me faire du bien. Pas que je ne sois pas bien avec toi, hein ! " Elle m'ébouriffa les cheveux pour m'assurer que je faisais fausse piste alors qu'on vient bientôt frapper à la porte.

" Tu attends quelqu'un ? " Lana secoua négativement en se levant pour aller ouvrir la porte à la personne qui toquait timidement à la porte. Moi, je restais assis sur le lit, pensant que ça pouvait très bien être une amie de Lana, mais certainement pas quelqu'un qui voulait me voir. Et pourtant... C'était bien Mia qui baissait les yeux en se plantant en face de moi. Au moins, quand je suis assis, je suis à sa hauteur. " Va-Vadim... " Je fis signe à Lana que c'était bien d'elle dont je lui avais parlé et elle retourna discrètement s'asseoir à mes côtés sur son lit. " Je suis toujours aussi perdue... pourrais-tu ... " Elle paraissait soudainement tellement malheureuse. Elle voulait me faire culpabiliser, c'est ça ? C'était réussi. " Vas-y n'aie pas peur... " Lana était si gentille de l'encourager ainsi. En les comparant soudainement toutes les deux, j'eus du mal à croire qu'elles étaient désormais dans la même classe. " Je sais qu'à cause de moi tu as passé de sales moments, mais ça te dérangerait de m'accompagner encore un peu ? " Hésitant, je laissais un court silence me porter conseil avant que je pousse un petit soupir en croisant les bras. " Ce n'était pas à cause de toi. On a pas eu de chance c'est tout. "

Je me levais alors et lui pris la valise des mains en franchissant le seuil de la porte. " Désolé Lana. A tout à l'heure ! " " Tu es adorable quand tu joues les frères protecteurs, tu savais ? " Je me tournais soudainement vers elle. " Mais... Laana ! Je me vengerais ! " J'ai bien sûr dis tout ça en gardant le sourire pour ne pas que Mia puisse penser que j'étais sérieux. Je posais alors ma main sur la tête de la petite fille. " Bon aller, on va la trouver ta nouvelle chambre. " En laissant Lana derrière nous, je prends de nouveau la valise sous le bras et laissant Mia me suivre. Je cherchais  des yeux la numéro sept. Il y avait la cinq au bout du couloir alors je commençais à faire quelques pas avant de m'interrompre. " Désolé. " Oui c'était bref. Je relevais la tête alors en précisant un peu mon propos. " Oublie ce qui s'est passé s'il te plaît. " Facile à dire, vous me direz ? Je trouve aussi.

Après avoir tourné au bout du couloir, nous nous trouvâmes devant la porte avec le chiffre "7" bien visible écrit dessus. Je restais un moment planté devant la porte, la valise à un de mes côtés, Mia de l'autre. " Bon ben... on dirait que l'aventure s'achève ici. " Je lui fis un petit geste pour lui faire comprendre que c'était à elle de pousser la porte pour découvrir les lieux. Espérons que rien de fâcheux ne s'y cache, sinon là je pense que je vais définitivement pété une durite... " A toi l'honneur. " J'espérais vraiment que comme on dit "tout est bien qui finit bien". M'enfin après l'après-midi qu'on a passé ... Je ne m'attends plus à grand-chose.

Son seul regret c'est qu'ils ne soient pas seuls dans la pièce, car elle était contrainte de jouer la petite fille faible devant une inconnue, enfin celle ci avait l'air sympathique et pas aussi hystérique que celle qui lui avait sauté dessus plus tôt.
Après qu'elle lui ait posée sa question, Vadim sembla hésiter, il laissa planer un silence plutôt lourd. Peut être pesait il le pour et le contre, il y avait d'ailleurs beaucoup plus de contre dans cette situation.

- Ce n'était pas à cause de toi. On a pas eu de chance c'est tout. Finit il par dire.

Et c'était peu de le dire ainsi ! Il avait tout bonnement eut la poisse ! Il se redressa et saisit la valise qu'elle lui céda sans résistances avant d'avancer vers la porte. Elle lui emboîta tout en le fixant sans un mot.

- Désolé Lana. A tout à l'heure !
- Tu es adorable quand tu joues les frères protecteurs, tu savais ?

Lana ? Hum, elle avait déjà entendue ce prénom... un peu plus tôt dans la soirée... avant les problèmes surgit dans les toilettes... ah oui ! L'une des groupies de Vadim avait cité son prénom une fois !
D'ailleurs il se tourna vers elle, avec un grand sourire.

- Mais... Laana ! Je me vengerais !

Une vengeance ? Aux vus du large sourire qu'il affichait, ça ne pouvait pas être très sérieux, au moins semblait il de meilleur humeur. Il posa sa main sur la tête de la petite, ce geste qu'elle avait identifié comme une chose qu'elle aurait voulue que son grand frère fasse s'il n'était pas mort.

- Bon aller, on va la trouver ta nouvelle chambre.

Laissant un peu tomber son masque, elle lui offrit un sourire de gratitude. Les deux malchanceux quittèrent alors la chambre, laissant derrière eux la jeune fille seule dans sa chambre. Elle avait toujours le regard fixé sur le dos de son porteur de valise, sans un bruit ni un mot, elle se contentait de le suivre. Au bout de quelques instants où le silence régna en maître il se stoppa.

- Désolé.

L'étonnement qui se peint sur son visage n'était pas feint, il n'avait pas vraiment de raison de s'excuser enfin, peut être pour l'avoir confondue avec quelqu'un d'autre ou pour l'avoir abandonné dans les escaliers, forcée de porter toute seule sa valise. Enfin bon, ce n'était pas comme si elle allait le lui reprocher -elle l'aurait certainement fait s'il n'avait pas dit désolé.

- Oublie ce qui s'est passé s'il te plaît.

Que devait elle oublier au juste ? Parce que les derniers éventements resteraient pendant longtemps, c'était sa première journée dans un établissement scolaire alors elle allait s'en souvenir très longtemps. Mais elle décida de ne pas lui infliger le supplice de lui avouer qu'elle en garder le souvenir et se contentant d'hocher de la tête en ajoutant de sa petite voix :

- J'oublierais vu que tu me le demandes...

Serait ce... une CONCESSION !? Alors ça, c'était une première ! La petite fille acceptait de lui laisser entendre qu'elle allait faire quelque chose pour lui ? Impressionnant, soit il avait un effet positif sur elle soit elle devait à tout prix l'éviter !
Alors qu'elle le suivait comme un bébé canard suivrait sa maman, il s'arrêta après avoir bifurqué, elle manqua de se cogner à sa jambe et se stoppa nette pour se pencher sur le côté et apercevoir une porte, sans surprise il s'agissait de celle de sa chambre, la numéro 07.
Elle ressentit un mélange de soulagement et de tristesse. Elle allait dire au revoir à Vadim, et bien qu'ils en aient vécus des belles en si peu de temps, elle avait appréciée passer du temps avec lui... cependant, ça voulait aussi dire qu'elle allait pouvoir s'installer et se détendre un peu, ce qui n'était pas mal non plus !

- Bon ben... on dirait que l'aventure s'achève ici. Dit-il en brisant le court instant de silence.

Il lui fit signe d'ouvrir la porte mais elle hésita un instant... Cette chambre représentait beaucoup tout à coup, plus que la fin d'un petit parcours plutôt mouvementé, c'était aussi le début de quelque chose d'inconnu pour la petite.

- A toi l'honneur.

Elle le dévisagea un instant, un peu craintive, puis reporta son regard vers la grande porte ornée du chiffre 7... Piochant dans son courage, elle avala sa salive et due se forcer à avancer pour aller pousser la porte, celle ci s'ouvrit dans un vieux grincement pour laisser voir une pièce plutôt spacieuse avec plusieurs lits... plusieurs lits... Elle écarquilla les yeux sans pouvoir bouger, elle allait devoir dormir avec d'autres personnes !? Elle ne put s'empêcher d'imaginer ce qu'avait pu se dire les gens qui l'avaient placés là " Elle est petite, elle ne prendra pas trop de place, on peut la mettre avec d'autres " si elle avait pue s'énervée elle l'aurait fait sans attendre ! Mais avec tout ce qui leurs était arrivé elle n'en était pas capable et à ce moment là elle pouvait bien se contenter d'une chambre à plusieurs !
Elle se retourna donc vers lui, pour récupérer sa valise et lui adressa un grand sourire. Une nouvelle fois elle le prit par la manche et le tira vers le bas, le forçant à se baisser elle se mit de nouveau sur la pointe des pieds et déposa un petit bisou sur sa joue, comme le ferait n'importe quel enfant.

- Merci beaucoup Vadim, pour tout !

Ouais bon, déjà que le "Merci beaucoup" lui avait brûlé les lèvres, elle ne put lui dire qu'elle se sentait redevable, de toute façon elle ne se l'avouait même pas, mais elle l'était. Sur ce, elle lui adressa un dernier sourire avant d'entré dans sa nouvelle chambre.

H.R.P.: