En tant que pouffiasse superficielle de haut vol, Ophélie avait dégagé son samedi après-midi de toute activité plus constructive et spirituelle pour aller faire du shopping en solitaire. Quelle activité passionnante, me direz vous, nous sommes bien d'accord. Elle aurait pu inviter quelques amies à la rejoindre dans ce marathon du porte-monnaie, mais apparemment il vaut mieux parfois être seule dans ce genre de situation, histoire d'aller où on veut quand on veut autant qu'on veut, pour être certaine de ne pas avoir à faire face à d'éventuels trépignements d'impatience de camardes désirant changer de boutique... Et puis tenter d'éblouir tout le monde ensuite avec ses nouveaux achats encore inconnus au bataillon, c'est toujours pas mal, non?



Après avoir consciencieusement passé le Sephora du centre commercial au peigne fin, et acheté un parfum, un rouge à lèvres, et une énième palette de maquillage totalement inutile à Ophélie au vu du nombre considérable d'objet du même genre d'ors et déjà en sa possession; la jeune-fille, éreintée, décida de faire une petite pause dans un café. La vie est si dure pour elle... Après l'effort, le réconfort, voyez-vous!



En ce début d'hiver, bien qu'il fasse relativement froid, je me suis installée à une table extérieure du café. Vous allez certainement me prendre pour une triple folle, mais j'ai une explication à ce comportement masochiste du rhume: la cigarette. Bien emmitouflée dans mon gros manteau, j'attend plus ou moins patiemment qu'un serveur vienne prendre ma commande. Pendant ce temps, j'en profite pour me pschiter un peu de mon nouveau parfum, qui à mon sens sent divinement bon, comme tous les parfums que j'achète en somme. Un serveur daigne enfin arriver, et prend ma commande. Je demande donc un café viennois, j'ai toujours eu un faible pour la chantilly, voyez-vous. Une fois qu'il est reparti, ni une ni deux, et je sors un paquet de cigarettes de mon sac à main, le posant brutalement sur la table. Puis je me met à farfouiller au fin fond de mon sac, à la recherche de ce fichu briquet que je ne trouve presque jamais, mais une fois toutes les pochez fouillées, mises sans dessus dessous, je dois me rendre à l'évidence: je n'ai pas de briquet sur moi. Quelle poisse! Mais je vais trouver une solution. Ophélie Astrée, comtesse de Saint-Sandrin trouve toujours une solution, même s'il faut passer par des moyens détournés, pas forcément très louables dans quelques cas.



Alors que je me demande à qui je pourrais demander du feu, une jeune garçon dont la tête ne m'est pas tout à fait inconnue fait son apparition devant le café. Je n'ai aucune idée de son prénom, mais avec ma manière de faire pour interpeller les gens, cela ne me pose vraiment aucun problème particulier. Je me lève, et lui tapote l'épaule. " Hum, excuse-moi, mais... Tu aurais du feu s'il-te-plait? " En attendant sa réponse, j'ai vite fait de m'être rassise, mes pieds sont en bouillie, vous comprenez, en même tant, je l'avoue, quelle idée de mettre des talons pour aller faire du shopping... Mais c'est tellement plus joli! " Tu veux un café? Quelque chose à boire? " Je lui désigne la chaise. Il est toujours bon de faire connaissance avec les gens, plus on a de relations sociales mieux c'est. " Au cas où tu ne saches pas encore qui je suis, moi, c'est Ophélie. " Quoi? Qu'est-ce que j'ai encore dit pour que vous me regardiez comme ça derrière votre écran, hein? Bah oui, on entend pas mal parler de moi à Nobilia, vous devriez savoir pourquoi, non?