Rose était assise devant son bureau et regardait l’heure qui passait pour ce premier jour d’école. En effet la jeune demoiselle avait faim et attendait qu’il soit midi. Elle regarda les secondes passer, il était 11h58min30s et elle n’avait jamais trouvé le temps aussi long. Elle pensa à ce matin, c’était la première année où elle était seule à diriger cette école alors elle avait eu un peu la trouille quand elle avait dû faire le discours de bienvenue.  Elle regardait l’horloge et vu qu’il était midi, elle se leva, attrapa sa veste et son sac et se dirigea tranquillement vers la cafétéria.

Arrivée là-bas, elle vit qu’il n’y avait pas beaucoup de monde assit aux tables alors elle se prit une canette qui était dans les distributeurs et s’assit sur une des tables en hauteur. Elle commença à boire avant de sortir son sandwich qu’elle avait préparé le matin même. Il y avait des œufs avec de la salade et des tomates cueillies au jardin, avec du beurre et du jambon. Elle mordit dedans et un œuf tomba au sol.

Pouah ! Les cours, quelle horreur ! Je crois que j'ai failli mourir d'ennui pendant cette première matinée de présentation. "Si l'ennui était mortel, ce pensionnat serait un cimetière." J'ai lu cette phrase gravée sur ma table, elle m'a beaucoup plu. J'ai même gravé en dessous : "Grave". L'heure du déjeuner a sonné et je me dirige à la cafétéria, histoire de se remplir un peu l'estomac.

C'est plutôt désert, les autres doivent sortir en ville pour manger dans les meilleurs restaurants du coin, j'imagine. Quand on est riche, on évite les cafétérias apparemment, ça doit être trop "ringard". Je soupire et prends mon plateau. Parmi le peu de gens, je remarque un visage qui me paraît familier : la directrice. Elle avait l'air nerveuse ce matin pendant son discours. Elle paraît drôlement jeune aussi, ça ne doit pas faire longtemps qu'elle est là.Je prends mon plateau et le remplis le plus possible : j'ai une vraie fin de loup.

Mon plateau bien fourni, je passe près de la directrice au moment de "l'incident".  Avec un raclement de gorge discret, je pose mon plateau, ramasse le morceau d’œuf pour le remettre sur la table. Je fais mon sourire d'ange :" Il ne faudrait pas que quelqu'un glisse sur ça."

Elle prit une première bouchée et elle se complimenta sur ce délicieux sandwich, les œufs se mélangeaient merveilleusement bien avec le jambon et le beurre et le petit jus de tomates lui donnait un magnifique goût, c'était vraiment bon. Elle voulut reprendre une deuxième bouchée quand elle vit un morceau d'œuf coupé et qu’elle entendit en même un temps la voix d’un jeune homme. Cette voix était légèrement grave tout en étant aigüe.

Elle vit le garçon devant elle. Il n’était pas très grand, enfin ils avaient la même taille, alors qu'elle, elle était assise sur une haute chaise et pas lui.

« Merci de le ramasser, je ne veux pas voir le SAMU le premier jour de cours »

Elle regarda plus en détail le garçon qui lui avait ramassé son morceau d’œuf -qu’elle ira mettre plus tard à la poubelle-. Il avait un physique assez avantageux et pouvait plaire à beaucoup de filles dans cette école. Elle regarda ensuite le plateau du jeune homme qui était devant elle.

« Si tu veux tu peux manger avec moi, cela ne me dérange pas, sinon tu es en quelle classe ? »

Elle reprit une bouchée de son merveilleux sandwich et regarda le jeune homme en face de lui pour savoir ce qu’il allait faire, manger avec elle quitte à être traiter de chouchou ou simplement passer et faire comme s’ils ne s’étaient jamais vus.

Dans quelle situation je suis encore tombé moi ? La directrice m'observe tout en se concentrant parfois plus intensément sur son sandwich, elle tente de lancer la conversation." Si tu veux tu peux manger avec moi, cela ne me dérange pas, sinon tu es en quelle classe ?" Je détourne le regard. Comment être poli tout en restant honnête ? Je me racle la gorge, pour exprimer ma gêne et répond d'un ton assuré. " En première, madame. C'est aimable mais je préfère rester debout." Je me gratte la tête en cherchant un autre sujet. "C'est vous qui l'avait fait ce sandwich ?"

Je viens d'avoir une idée... brillante. Je déteste toute forme d'autorité, par le passé, elles n'ont jamais su m'inspirer confiance. Et plus elle croira que je suis agréable, plus haute sera la chute. J'ai hâte de voir sa réaction...

Rose se figea. Comment était-ce possible, c'était quoi, ça ? Rose ouvrit son sandwich et remarqua un petit bout d'olive. Elle regarda son sandwich comme si c'était la première merveille du monde. Elle avait trouvé l'ingrédient qui manquait à son palais qui était toujours un peu frustré quand elle faisait ce sandwich. Jamais elle n'avait pensé que l'olive était l'ingrédient magique qui changeait le goût du sandwich. Rose reprit une bouchée, là où il restait le reste de l'olive et apprécia le merveilleux goût que cela procurait à sa bouche. Elle venait d'atteindre le nirvana rien qu'avec ce sandwich.

Elle ouvrit les yeux ne s'étant même pas rendue compte qu'elle les avait fermés et regarda devant elle. Elle vit le garçon, elle l'avait complètement oublié. Elle lui sourit après avoir avalé sa bouchée mélangée avec de la salive.

« Désolée mais je n'ai pas écouté »

Elle but un peu d'Ice-tea, qu'elle avait pris dans le distributeur. Puis lui sourit à nouveau.

« Allez assis-toi, je ne vais pas te manger et si tu as peur que tes camarades te traitent de chouchou, dis leur que je t'ai forcé. Donc d'où viens-tu ? »

" Désolée mais je n'avais pas écouté. "

Alors ça c'est la meilleure. Changeons donc de stratégie.

" Allez assis-toi je ne vais pas te manger et si tu as peur que tes camarades te traite de chouchou, dis leur que je t'ai forcé, donc d'où viens-tu ? "

J'arrête d'hésiter et je m'assois. Qu'est-ce que je risque ? Si on peut me considérer comme un chouchou, ça m'intéresse bien : au moins, on me foutra un peu la paix et c'est tout ce que je demande. "Je viens de Russie, madame. J'ai fait une seconde dans un lycée français et j'ai préféré partir en pensionnat en France pour venir passer mon bac." Je commence à manger, essayant de prendre mes aises. Le plat est bon, je suis étonné. J'en profite pendant qu'il est encore chaud, essaie de manger proprement pour faire bonne impression.

"Et je me demandais ce que votre sandwich avait de spécial pour que vous le fixiez comme ça ?"

Rose le fixa, elle pensa à la Russie, ce pays froid où l’on peut jouer à la patinoire sur les lacs, pas comme en France où la moitié du temps les lacs ne sont pas vraiment sûrs pour faire du patin à glace. Elle se demandait si son lycée Français était en Russie, car elle n’était jamais allée dans ce lycée donc elle ne savait pas s’il existait des lycées là-bas comme aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Elle prit une bouchée de son sandwich, il avait moins de saveur qu’avant mais il était toujours agréable pour ses petites papilles.

Elle le regardait manger avec ses couverts. Il faisait très noble c’était assez bizarre à voir pour elle. Il avait vraiment de bonnes manières et elle pensa une seconde qu’elle faisait tâche à côté de lui, mais elle oublia très vite cette pensée car elle s’en fichait.

Quand il lui posa la fameuse question elle le regarda choqué.

« J’ai fait le plus beau et bon sandwich parmi tant d’autres, préparé par moi, il ne peut être que fantastique. » dit Rose avec un sourire en coins « Sinon tu as un titre de noblesse ou tu es arrivé ici par d’autres moyens ? »

Pendant que je m'appliquais à vider mon assiette et remplir par la même occasion mon estomac, je sentais le regard de la directrice me suivre de temps en temps. Je l'ignorais, attendant une réponse. Comme toutes les femmes, elles semblent penser à un millier de choses en même temps, sans qu'aucunes d'elles de m'ait jamais effleuré ne serait-ce qu'un instant... Il y a vraiment des mystères insondables pour le modeste jeune homme écervelé que je parais être. " J’ai fait la plus beau et bon sandwich parmi tant d’autre, prépare par moi, il ne peut être que fantastique. " Elle paraît sure d'elle, un sourire sur les lèvres. " Sinon tu as un titre de noblesse ou tu es arrivé par ici par d’autre moyens ? " Je relève la tête, un peu surpris par sa question. Très vite, je reprends mon expression impassible tout en prenant ma serviette en papier pour m'essuyer délicatement la bouche. Je détourne le regard, un peu gêné de parler de moi : " Vous paraissez vraiment passionnée par les sandwichs, madame. Je ne peux m'empêcher de trouver cela curieux. M'enfin, passons. Pour répondre à votre question, mon père est Vicomte. Je suis son premier fils légitime et bien qu'on ne s'apprécie guère, je dois prendre sa succession. On dit que je n'ai pas le choix. " J'affiche alors mon petit sourire satisfait. "Seulement, je ne suis pas de cet avis. Que ça leur plaise ou non, mon avenir n'appartient qu'à moi."

Rose vit son visage changer d'une expression à l'autre pour retrouver un air impassible en même pas une seconde. Elle sourit face à ce revirement, elle pouvait dire que les nobles n'étaient pas si impassibles que cela. Puis elle le vit s'essuyer la bouche, il était drôle, cela faisait vraiment très noble. Pas besoin de savoir s'il avait un titre de noblesse. Rien que dans ces faits et gestes on pouvait dire qu'il avait une certaine prestance qui pourrait en faire jalouser plus d'un.

Elle regarda ce jeune qui avait assez de détermination pour vouloir avoir son propre avenir. Elle l'aurait bien applaudit si elle n'avait pas ce sandwich dans les mains. Elle reprit une bouchée puis, après avoir fini de mastiquer et d'avaler, elle le regarda.

« Je suis d'accord avec toi-même si cela ne va pas être facile, surtout que tu es Vicomte. Heureusement que tu n'es pas Duc, sinon tu aurais pu avoir des problèmes. »

Rose regarda l'assiette de son vis-à-vis, elle but une gorgée de sa boisson puis reposa la canette à moitié pleine devant elle.

« Et comment comptes-tu t'y prendre pour avoir ton avenir entre les mains ? »

" Et comment comptes-tu t'y prendre pour avoir ton avenir entre les mains ? " Hahaha. Je ris intérieurement et je ne peux réprimer un sourire en coin qui se glisse sur mes lèvres. J'ai fini de manger, il me reste simplement mon yaourt à boire tout juste entamer. Ce n'est pas très chic je trouve comme dessert. Pratique bien sûr, mais je ne m'abaisserai pas à le manger. J'ai une bien meilleure idée.

" Et bien,très chère directrice, si vous tenez à le savoir : je veux bien vous faire une petite démonstration de comment je compte m'y prendre. " Je ne pense pas qu'elle s'y attende. Son expression est surprise, elle est très curieuse de savoir ce que je lui réserve. Une chose est sûre, c'est qu'elle ne risque pas d'être déçue. Je saisis mon yaourt et continue mon discours : " Si je suis ici, ce n'est pas uniquement parce que j'en avais envie, voyez-vous. C'est qu'on ne voulait plus de moi. " Implacable, j'approche le yaourt industriel bien liquide et poisseux juste au dessus du sandwich de mademoiselle Rose Valence. " En effet, je me suis fait renvoyé pour avoir insulté un peu trop méchamment un professeur. " Et je verse le tout sur casse-croûte tant apprécié par celle qui maintenant, connait mon vrai visage. "Pour rester maître de mon destin, je refuse toutes formes d'autorités. Que ce soit mon propre père ou la directrice de ma nouvelle école. Personne ne m'obligera à quoi que ce soit. Jamais."

Pour Rose, le sourire de ce jeune homme était assez bizarre c'était un sourire naturel, mais pas gentille, c'était comme les méchant dans les dessins animés. Elle regarda ce jeune garçon qui avait fini son repas, bien qu'elle fût surprise quand il approcha son yaourt de son sandwich elle ne fit rien. Mais quand il versa son dessert sur son merveilleux sandwich elle le regarda bizarrement. Non mais qu'est-ce qu'il faisait, il avait détruit son merveilleux sandwich. Elle goûta le sandwich, il était dégueulasse, mais vraiment horrible, le goût du dessert détruisait complètement le gout de son merveilleux repas.

Elle le regarda avec de grands yeux, alors là il allait le payer, elle se leva se dirigea vers la poubelle et mis son sandwich à la poubelle. À quoi bon le manger puisqu'il était immangeable. Elle voulut verser une larme, mais elle devait être forte et venger son sandwich, il n'a pas vécu longtemps. Mais elle le vengera cela était certain.

Elle se dirigea vers le jeune homme

« Oh dommage, je n'ai pas de serviette »

En effet du dessert avait aussi coulé sur les doigts pendant que le jeune garçon avait renversé son yaourt. Elle prit dans ces mains un bout du vêtement que portait le jeune homme et se les essuyèrent.

« J'ai oublié de te dire un truc. Je suis sûr que le technicien de surface sera ravi que tu l'aides tous les soirs après tes cours pendant deux semaines » dit-elle « Je parie aussi que tu demandes comment vais-je te trouver, simple tu es Russe et Vicomte, combien de Vicomte russe penses-tu qu’il y a dans cette école ? Surtout que sur ton dossier tu as une photo. Voilà ce que c’est que l’autorité et estime toi heureux que je ne te vire pas »

Rose lui fit un gros sourire, pris sa canette et son sac et sortit de la cafétéria.

La réaction de la directrice n'est pas décevante. Après s'être essuyé ses mains collantes pleine de yaourt sur ma chemise, elle revient et m'avertit avec un air menaçant :" J'ai oublié de te dire un truc. Je suis sûr que le technicien de surface sera ravi que tu l'aides tous les soirs après tes cours pendant deux semaines. " Tiens, tiens, tiens. Une punition. Ça faisait longtemps. Mais comme d'habitude, je n'irais pas. Je n'écoute même pas la suite de son monologue qui se résume à : " Voilà ce que c’est que l’autorité ... " Bla, bla. Ne vous en faites pas je connais le discours ! Mais sache que ton cher technicien de surface ne me verra jamais : le cache-cache est mon jeu préféré.

Et moi qui pensait réussir à me tenir correctement au moins les premiers jours : et bien c'est raté ! En plus, ma chemise est dégueulassée ! Je n'ai plus qu'à aller me changer. Mais c'est un mal pour un bien, je suis tout de même très fier de ce que j'ai fait. Au moins, maintenant, la directrice sait à quoi s'en tenir... On ne fait pas de Vadim son chouchou sans lui demander la permission !