Louis n'allait pas à la bibliothèque pour réviser. Il s'était réveillé du mauvais pied alors il avait envie de faire chier son monde. En plus, hier, un autre lycéen l'avait repoussé alors qu'il le draguait. Il avait fini par le frapper et avait du aller en retenue. C'était vraiment pas juste.

Aujourd'hui il voulait se venger et était allé à la bibliothèque tout au fond pour qu'on puisse pas le voir. Là il prit un livre et commença à en déchirer les pages une par une. Il aimait bien le bruit en plus.


- Ahahah ! Prends ça dans les dents Diderot !

La bibliothèque est un endroit calme et il représente tout ce que je recherche. Paix, harmonie, littérature et tranquillité. Je m'y étais bien installé, bien au fond peinard, dans un coin où personne n'irait me chercher. J'étais plongé dans ma lecture de Jules Verne pour changer : je m'essayais à la littérature française et je ne suis pas déçu. Bien que la littérature russe soit déjà de qualité. C'est alors, que j'entendis ce bruit atroce : comme lorsqu'on déchire du papier. Tiens, quelqu'un n'a pas envie de faire son devoir de maths et le déchire ? Je comprends, même si ça paraît un peu extrême. Je me replonge dans ma lecture lorsque j'entends : " Ahahah ! Prends ça dans les dents Diderot ! " Diderot ? Mon sang ne fait qu'un tour, je pose mon bouquin sur la table, ouvert à la bonne page et part à la recherche de l'agresseur.

Les livres, c'est sacré. Je ne suis pas d'accord, on ne peut pas leur faire subir ça ! Très remonté, je tombe sur le coupable, qui continue joyeusement sa torture de livre. Comme je suis derrière lui, il ne m'a pas vu arriver. Je lui tape sur l'épaule. " On peut savoir ce qu'il t'a fait au juste, Diderot ? " On doit faire la même taille, mais je dirais qu'il est plus âgé que moi. Ce ne serait pas le premier terminale à qui je foutrais une bonne raclé.

Luis n'allait pas arracher toutes les pages de ce fichu bouquin. C'était pas parce qu'il n'en avait pas envie c'était parce que comme tous les bouquins chiants, il devait avoir plus de 400 pages et il n'avait pas le temps de les arracher une à une. Il le ferait jusqu'à que sa colère soit retombée et qu'il sente qu'il n'en avait plus besoin. Bien entendu, il ferait en sorte de laisser le livre avec les pages bien arrachées en évidence pour qu'on découvre son crime par la suite. Il n'avait pas envie de se faire prendre et d'aller en colle encore une fois ! Lui qui n'avait jamais fréquenté l'école avant ne se doutait pas qu'on puisse le punir. C'était inconcevable pour quelqu'un de son rang.

Mais il sentit une main sur son épaule et Louis sentit un frisson d'effroi parcourir tout son corps. C'était parce qu'il n'avait pas envie de se faire prendre. Il se retourna vivement et vit qu'il s'agissait d'un élève apparemment amoureux de Diderot... Bah au moins, il devait aimer les mecs et ça c'était plutôt une belle nouvelle même si aimer les vieux morts, c'était pas trop swagg non plus.

- T'as un problème, face d'Albinos ?

Non mais vraiment, fallait être débile pour avoir une telle tête à cet âge là. Louis lui jeta donc son livre en pleine face, c'était bien fait pour lui.

- T'inquiètes pas, il a écrit d'autres bouquins pour que tu fantasmes dessus le vieux ! Ca c'était bien envoyé.

La réaction du criminel est direct, franche et implacable. " T'as un problème, face d'Albinos ? " Je reste cloué sur place. Ça faisait longtemps qu'on ne me l'avait pas faite celle-là. Faut dire qu'en Russie je passe plutôt inaperçu et ça ne fait pas encore assez de temps que je suis en France pour être habitué à mes différences. " Tu sais ce qui te dit l'albinos ?! " Je ferme mes poings instinctivement face à la menace. Il est en train de me foutre en rogne l'autre abr**i. Fallait bien que ça arrive : adieu ma paix intérieure et place à ma fureur naturelle ! Mais sans prévenir, il me balance le livre dans la tronche. Habillement, je le rattrape avant qu'il ne tombe au sol. C'est une bibliothèque, pas une cour de récré : pour qui il se prend celui-là ?

" T'inquiètes pas, il a écrit d'autres bouquins pour que tu fantasmes dessus le vieux ! " Une fois de plus, me voilà désarçonné. Mais de quoi il parle ? " Je ne fantasmes sur rien du tout. Un livre, ça se respecte ! Alors tu baisses d'un ton et tu vas me suivre, tout de suite ! " Je garde bien le bouquin avec moi et je le prends par le col. Si il me pense plus vieux que lui à cause de mes cheveux : tant mieux. J'vais me faire passer pour un surveillant et on verra bien qui de nous deux est le plus malin.

J'aimerais aller montrer à la bibliothécaire ce qu'il trafique le rigolo avec son air supérieur. Seulement, il n'a pas l'air docile, docile. Mais je garde confiance. Cette histoire ne s'arrêtera pas là.