Enfin : ma chambre. La chambre n°2 que j'ai pu choisir et que j'occupe depuis l'ouverture de l'internat. Je m'y sens bien. La déco est sympa et sobre, il y a quatre lits qui peuvent être occupé et je prie tous les jours pour qu'ils restent vide. J'ai choisi celui qui est prêt de la fenêtre. Des bouquins en vrac occupent l'intégralité de ma table de nuit et ma guitare et à son pied. J'y suis bien installé, y'a une belle vue d'ici. Ici, je peux savourer ma solitude. Ma chère et précieuse solitude adorée. Ici on me laisse en paix et je peux me refermer sur moi-même.
Ce qui me faisait le plus peur dans la vie d'un pensionnaire, c'était de partager ma chambre. Ce fut un véritable soulagement quand j'ai appris que je serais seul. Bien sûr, les surveillants n'ont pas apprécié que je joue de la guitare à une heure avancé et ils ont bien failli me la confisquer. Bien sûr, je suis malade comme un chien et je n'ai même pas encore été en cours depuis la rentrée tellement que je crache mes poumons à chaque phrase. Ma journée à l'infirmerie a été particulièrement éprouvante. Et je n'ai qu'une hâte, c'est de m'écrouler dans mon lit et d'avoir la paix.
Seulement, au moment où j'ouvre la porte de ma propriété privée, je me stoppe net. Dans ma chambre, il y a déjà quelqu'un. Il ne manquait plus que ça. Je fais les yeux ronds, tousse de manière peu discrète et demande de la manière la moins élégante possible : " Qu'est-ce que tu fous là toi ? " Un faux pas et je deviendrais agressif : dites-moi que je rêve ! Si c'est une blague, elle est de très mauvais goût.